GUN MACHINE

18 mai 2014

Roman de

Warren Ellis

Édité chez

du Masque

Date de sortie
29 janvier 2014
Genre
Policier
Pays de l'auteur
U.S.A.

Si vous aimez les auteurs atypiques, alors il vous faut absolument et en urgence, découvrir l’univers de Warren ELLIS !

Après son très remarqué « Artères souterraines » publié en 2010, celui-ci vient de sortir aux éditions Du Masque son second roman « Gun Machine ». Venu du monde de la BD, où il a collaboré, entre autre, avec l’éditeur MARVEL comme scénariste, Warren ELLIS apporte véritablement une touche originale au genre, par la vitalité de son écriture, sa capacité à imprégner ses romans de cette même atmosphère qui fait la spécificité des comics américains.C2

A cela se rajoute sa prédilection pour des histoires bien barrées , son goût pour des personnages déjantés, son penchant pour des dialogues percutants, et vous avez là tous les ingrédients réunis pour une déflagration littéraire des plus réussies !

Il y a des jours comme çà où tout part en vrille. John Tallow n’est pas le genre de flic à briller par ses états de service. Lui est plutôt du style désabusé et dépassé, le type de flic sur la pente descendante d’une carrière sans relief.

C’est pour rappeler à la raison un hurluberlu qui prend très mal le fait d’avoir reçu un avis d’expulsion de son appartement, et qui terrorise le voisinage en se baladant à poil, les roustons en étendard, un fusil dans les mains,  que Tallow est amené à intervenir dans cet immeuble délabré de Pearl street.

qaqIl ne se doute pas que quelques instants plus tard c’est maculé des restes de la cervelle de son coéquipier qui le précédait dans les escaliers, qu’il videra son chargeur sur ce citoyen un poil irrité, et qui vient d’ exploser la tête de son collègue comme une vulgaire pastèque.

Mais quand la poisse vous tombe dessus, elle passe toujours une deuxième couche ! Dans la cohue Tallow a éventré une partie du mur de l’appartement voisin. A l’intérieur, une bien curieuse découverte. Une véritable fresque d’armes à feu. Des dizaines et des dizaines de pistolets et revolvers accrochés au mur, non sans une certaine harmonie dont le sens échappe encore.

Or il s’avèrera rapidement que chacune d’elle a servi à tuer, et que les meurtres auxquels elles sont reliées remontent pour certains à près de vingt ans, et  reste310nt tous à ce jour non élucidés.

Autant d’affaires que Tallow déterre bien malgré lui et qui par cette maladresse, les remet sous les feux de l’actualité, lui valant l’animosité et l’hostilité de ses collègues et de ses supérieurs.

C’est sans doute pour cela qu’il se retrouve seul avec toutes ces affaires sur les bras, histoire qu’elles s’enterrent à nouveau grâce à l’incompétence espérée de Tallow , emportant sous leur poids ce policier has been et indélicat. Pourtant dans sa quête de la vérité, il pourra compter sur l’aide de deux flics de la scientifique avec qui il va remonter progressivement le fil de cette inextricable et invraisemblable énigme.

On retrouve dans ce roman tous les codes et les ingrédients classiques d’un polar efficace. Le flic paumé, solitaire, revenu de tout , qui noie parfois ses illusions au fond d’un verre d’alcool.  Le serial killer, redoutable et diaboliquement efficace, insaisissable et imprévisible.  On n’oubliera pas non plus la dose de corruption policière, de connivence avec la finance,  l’obnubilation des supérieurs hiérarchiques attachés à ne pas faire de vague et préserver leurs privilèges.

Cela pourrait donner un robman d’une facture classique, mais sous la plume de Warren ELLIS , à partir de ces mêmes ingrédients des plus communs, l’auteur parvient à réaliser une œuvre vraiment originale, transposant celle ci dans une dimension aux contours laissés volontairement plus ou moins flous , incertains.

C’est là que réside , en particulier, la force et l’originalité de cette œuvre. Car le passé de New York, son histoire, aliène son présent et de fait la trame de ce roman, à travers notamment ce serial killer qui navigue en alternance entre une vision contemporaine de la ville, et une autre, amérindienne et sauvage.

Warren_Ellis

Warren Ellis

Un homme tantôt citoyen lambda noyé dans la masse grouillante des passants de la rue, tantôt chasseur assoiffé de sang et de violence, qui déambule dans la forêt à la recherche de sa proie ,quand dans son esprit les buildings et les gratte-ciels s’estompent et laissent la place aux grands arbres.

Un  « gun machine » bien décidé à récupérer ses armes et à reprendre le cours de son œuvre démarrée bien des années plus tôt et brutalement interrompue par l’intrusion de ce flic dans cet appartement.

Rajoutez des personnages bien barrés comme les deux acolytes de la Scientifique, l’un quasi autiste et l’autre lesbienne assumée, au langage à faire rougir le pire des taulards. Agrémentez le tout d’un soupçon de sauvagerie délivré  tout au long du roman par une radio de police qui ne cesse d’énumérer toutes les atrocités dont l’homme est capable de faire à ses semblables, et vous aurez un aperçu de ce roman à l’atmosphère si particulière où paradoxalement l’humour n’est pas absent.

Un roman fou, fou , fou, particulièrement réussi , qui ne laisse aucun répit à son lecteur, mais lui donne déjà l’envie d’attendre le prochain roman de Warren ELLIS avec impatience !

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07

Copyright Hippo

6 Commentaires

  1. Yvan

    J’ai hésité à aller voir l’auteur à Suais du polar cette année, j’ai renoncé au dernier moment, trop de bouquins à lire.
    Ben ta chronique est parfaite pour me faire regretter mon choix !

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    • La petite souris

      Ah oui c’est dommage en effet ! S’il y a bien un auteur que j’aimerai bien rencontrer c’est bien celui là, car je devine que ca doit être un sacré personnage à lui tout seul ! As tu lu son premier livre ? Excellent ! quant à celui ci il n’est jamais trop tard! je sais bien que tu as des tonnes de livres à lire, mais une petite place pour celui ci, je suis sur que tu ne le regretteras pas Yvan, car je sais que c’est le genre d’auteur que tu aimes ! En tout cas il arrive parfaitement à inscrire son roman dans une ambiance vraiment particulière qui emprunte à l’esprit comics ! tu me diras si un jour tu le lis ! AMitiés

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  2. Nath sous les pavés la page

    J’aime bien les supers héros moi. Ça tombe bien 🙂
    Hop, je viens de le rajouter dans ma liste et je ne remercie pas!

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    • La petite souris

      dis, j’espère que je suis ta super souris au moins ??? 😉 bonne nouvelle, tu ne le regretteras pas, crois moi !

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  3. belette2911

    Pfffff, encore un ajout !! Non, non, non et non ! 😀 Iléou mon bic ??

    Dis-moi, j’ai failli acheter « la politique du tumulte » mais je n’ai pas osé. déjà, le meurtre d’un chien, ça me soulève le coeur…

    Réponse
    • La petite souris

      salut ma belette ! 🙂 ton bic est coincé sur ton oreille 🙂 pour « la politique du tumulte » je le démarre pour le moment c’est pas mal, mais pas de chien sacrifié , pour le moment du moins 🙂

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