Sébastien Vidal n’est plus un écrivain à présenter. Auteur de plusieurs romans qui ont su attirer l’attention du public, dont l’excellent Où reposent nos ombres, il nous revient aujourd’hui avec un roman noir profondément ancré dans le social et traversé par la question environnementale. Avec
Avec Une saison de colère, il signe un récit à la fois tendu et lyrique, où la nature, la lutte et l’humain se mêlent dans un tourbillon dramatique.
Lamonédat, modeste commune corrézienne, est le théâtre de cette intrigue.
D’un côté, la fermeture de VentureMétal, l’usine qui faisait vivre des générations entières, déclenche une colère sourde et un combat syndical acharné.
De l’autre, un projet immobilier douteux, masqué sous les oripeaux du développement touristique, menace la Coulée verte et son arbre tutélaire, le hêtre Belle-Mèche, figure de mémoire collective.
Deux fronts, deux colères, que tout semble opposer mais que l’auteur rapproche peu à peu dans une même bataille , celle de la dignité et de la survie.
Au centre de ces luttes, des figures contrastées se dressent. Julius, ancien gendarme hanté par ses blessures passées, cherche une forme de rédemption.
Grégor, colosse fatigué, porte à bout de bras la cause ouvrière et l’épuisement de ceux qu’il représente.
Jolène, tueuse professionnelle en quête de sens, traverse le récit avec son ambiguïté fascinante.
Jarod, jeune zadiste surnommé l’Écureuil, incarne l’élan vital et la rébellion joyeuse.
Tous portent leurs failles, leurs colères, mais aussi leur humanité. Sébastien Vidal les éclaire sans complaisance, les rend palpables et profondément attachants.
Une saison de colère se caractérise par ce double mouvement, celui de l’enracinement dans une réalité sociale brûlante et l’ouverture vers une dimension presque poétique.
Les paysages du printemps corrézien, les frémissements de la nature, les détails infimes d’un souffle de vent ou d’un oiseau qui traverse le ciel, viennent dialoguer avec la violence des rapports humains.

@theo-bickel
Dans cette tension, l’écriture ample de l’auteur déploie un souffle rare, à la fois brut dans les scènes de lutte, et délicat lorsqu’il s’agit de capter une émotion ou une lueur d’espoir.
Meurtres, disparitions, manipulations politiques, manœuvres troubles, l’intrigue se tend et se resserre à mesure que les combats s’intensifient.
Mais derrière le suspense, c’est une réflexion plus large qui s’impose. Peut-on sauver l’emploi sans sacrifier la nature ? Peut-on défendre une cause sans en mépriser une autre ?
Sébastien Vidal ne tranche pas, il donne à voir la complexité et, surtout, il place au premier plan la force de la solidarité.
En refermant Une saison de colère, le lecteur garde le sentiment d’avoir traversé une tempête. Colère, désespoir, mais aussi fraternité et renaissance irriguent ce roman qui, malgré sa noirceur, laisse briller une lumière.
« une saison de colère » nous rappelle qu’il y a dans les combats collectifs, dans la convergence des luttes, une part de beauté et d’espoir.
Sébastien Vidal signe un roman puissant et nécessaire, qui rappelle que la littérature peut encore dire la révolte, mais aussi révéler la tendresse tapie dans les replis du réel.
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