MESSE NOIRE

28 octobre 2013

Roman de

Olivier Barde-Cabuçon

Édité chez

Actes Sud

Date de sortie
8 janvier 2014
Genre
Policier
Pays de l'auteur
France

Si comme moi vous baignez dans la littérature policière, que votre quotidien de lecteur est fait de tueurs psychopathes, de flics torturés qui leur courent après, d’enquêteurs scientifiques obsessionnels , de braqueurs de banques et autres trafiquants de drogues qui dézinguent à tout va, peut être alors ressentez vous parfois l’envie de changer d’air, d’un dépaysement complet, d’élargir votre horizon.

Si tel est le cas, alors il grand temps pour vous d’ouvrir un roman d’Olivier Barde-Cabuçon. Après le remarqué « Casanova et la femme sans visage », l’auteur nous offre avec « Messe noire » la suite des aventures de son improbable et pittoresque duo d’enquêteurs constitué de Volnay, le commissaire aux morts étranges et de son complice le moine hérétique ( Les deux romans peuvent se lire indépendamment).

Car c’est en plein milieu du 18ème siècle que Barde-Cabuçon projette son lecteur, dans ce Paris tempétueux et parfois colérique et violent. C’est là que l’auteur plante le décors de sa nouvelle histoire.

Nous sommes en décembre 1759. Le corps sans vie d’une jeune fille est retrouvé sur une tombe d’un cimetière parisien.  Sur place, le commissaire aux morts étranges ne trouve pour seuls indices, qu’un crucifix ,une hostie noire et quelques traces de pas dans la neige. Mais un peu plus loin, sur la grille du cimetière, une pancarte intriguef9f70441:  » Interdit à dieu d’entrer dans ce lieu » .  Dès lors il n’en faut pas plus pour que le pouvoir s’inquiète de la possible résurgence des messes noires qui avaient défrayées la chronique sous le règne de Louis XIV. C’était  l’affaire  » Monpassan – Lavoisin » qui avait vu nombre de condamnés, dont des nobles, pour pratique de sacrifice humain  et rites interdits.

Cette nouvelle affaire est donc suffisamment importante en tout cas pour que Sartine, le lieutenant général de police en personne, décide de suivre de très près l’enquête de son inspecteur peu conventionnel et vis à vis duquel il nourrit une certaine méfiance. Car en cet hivers rigoureux, la misère nourrit le mécontentement de la population ,le froid avive sa colère  en gestation. Pour l’homme de confiance du roi, il convient de veiller à ce que la monarchie ne soit pas davantage affaiblie par une histoire qui pourrait exacerber les superstitions et souligner l’impuissance des autorités à maintenir l’ordre.

PARIS18Pour garder un œil sur ses deux inspecteurs aux méthodes parfois peu orthodoxes, il leur adjoint une équipière chargée de les seconder, mais surtout de lui rendre compte de leur moindre faits et gestes. Un élément qui ne manquera pas d’interférer dans l’osmose et la complicité des deux hommes.

Séduisante, ensorcelante et manipulatrice, la belle réveillera une sourde rivalité entre eux malgré un lien de filiation qui les unit . Car si Volnay est un jeune et beau garçon dont un chagrin d’amour hante les nuits, c’est son père, bien plus âgé, qui semble manifester une appétence toute juvénile pour la gente féminine qu’il a du mal à dissimuler.

C’est donc un trio atypique qui se lance à la poursuite des adorateurs du malin. Et l’on peut compter sur toute la coquinerie de l’auteur pour entrainer ses personnages dans une enquête sinueuse, semée de cadavres,  pleine de fausses pistes et d’étranges situations.

Au delà de cette énigme, l’intérêt du roman tient d’abord au portrait de ce Paris du XVIIIème que dépeint l’auteur avec la couleur de ses mots. Un paris grouillants de vie, où laN1cdF2OaUfgg8COZxYycPR-K-0Q crasse le dispute aux odeurs pestilentielles des sels balancés par les fenêtres. Un Paris aux rues étroites, sombres, où noblesse et pauvres gens se côtoient, où les prostituées s’agrippent à vous comme des sangsues et où les mouches (indics) de Sartine sont partout . Un Paris qui à la nuit tombée devient le royaume des malfrats et des renégats, où la vie n’ est plus qu’un lancer de dés. Malheur à celui qui croiserait la route d’une bande de maraudeurs en vadrouille.

BARDE-CABUCON-OlivierC’est avec force détails qu’ Olivier Barde-Cabuçon nous dessine cette capitale prérévolutionnaire où règne la manigance, le complot , surveillée par les espions d’un pouvoir aux abois . Il dresse avec réalisme le portrait de ces petites gens, et restitue parfaitement cette atmosphère si particulière de fin de règne qui s’annonce pour la monarchie française.

Mais l’autre intérêt du livre, tient aussi dans ses personnages. L’auteur nous offre une galerie de protagonistes hauts en couleur. Un Sartine manipulateur, pervers, un enquêtrice au passé sentant le souffre de la sorcellerie, et surtout, notre si pittoresque duo père- fils, adeptes de l’esprit des lumières, qui nous offrent  une rivalité des plussavoureuses.

Rien ne manque à ce roman ,ni la qualité de conteur de l’auteur et sa faculté à immerger son lecteur dans un univers qu’il n’a pas l’habitude de fréquenter, ni l’épaisseur des personnages que vient servir une intrigue parfaitement maîtrisée. « Messe noire » est assurément un agréable moment de lecture, totalement dépaysant et qui malgré l’époque où elle se situe, n’en n’arrive pas moins a captiver le lecteur polars contemporains que je suis !

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©Hippo

12 Commentaires

  1. Sandrine

    En matière de roman policier historique se déroulant au XVIIIe siècle, j’ai beaucoup apprécié « Hilarion » de Christophe Estrada. Du coup, j’ai cherché d’autres titres (mais sans Voltaire…) et j’étais tombée sur cette série et une chronique vraiment négative (je ne sais plus où bien sûr). Du coup, je l’ai oubliée. Pour moi, le contenu et le contexte historique sont importants, au moins autant que l’intrigue et souvent, le problème des romans policiers historiques c’est le déséquilibre entre l’historique (souvent pointu) et l’intrigue (faible).

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    • La petite souris

      Bonsoir Sandrine ! c’est curieux parce que moi je trouve à l’inverse que parfois l’historique est souvent faible par rapport à l’énigme. En matière de roman historique je t’avoue qui plus est que je suis assez difficile étant historien de formation. Et rien ne horripile plus que de tomber sur des approximations quand ce n’est pas carrément des anachronismes. J’en ai d’ailleurs discuté longuement avec Barde-Cabuçon que j’ai eu la chance de rencontrer à Frontignan à l’occasion du dernier festival du FIRN2013 où il était l’un des invités ( un personnage très attachant et fort intéressant). Quand tu parles de la série dont tu avais lu une critique négative c’est de la sienne dont tu parles ? Auquel cas je ne peux que t’inviter à juger par toi même car pour ma part je prends un grand plaisir à lire cet écrivain et les critiques que j’en avais lu étaient plutôt bonnes, voire excellentes. Son  » Casanova et la femme sans visage » a a eu un certain succès. Moi je me suis laissé transporté dans ce Paris de cette époque. Quant à l’intrigue je la trouve suffisamment dense pour capter jusqu’au bout mon intérêt. Mais je t’avoue que plus encore, ce qui me séduit dans les roman de Barde Cabuçon c’est surtout ses personnages, et en particulier son duo d’enquêteurs qui est vraiment pour le coup, original.J’aimerai beaucoup pouvoir en reparler avec toi si tu donnais sa chance à ce roman. Bisou !

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  2. Richard

    Bonjour ma petite souris préférée !
    Étant moi aussi un amateur de romans policiers ( tu t’en doutais un peu !!)… avec parfois un besoin de sortir des sentiers battus, j’ai été accroché par ta chronique et la description du roman.
    Je le mets donc immédiatement sur ma liste de livres à me procurer.
    Merci mon ami !
    À bientôt

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    • La petite souris

      Mon Richard !! qu’il me fait plaisir de te voir passer par ici ! Je pense que ce roman est pour toi ! en plus , dépaysement complet assuré , des personnages hauts en couleurs ( et je sais que tu aimes ça !) ce duo va te séduire j’en suis sur ! AMitiés !

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  3. gridou

    C’est vrai qu’un petit polar historique de temps en temps, c’est plutôt bienvenu…Jamais entendu parler de cet auteur…
    (pssts: j’ai repéré une petite faute en lisant l’article (sur « cet hiverS ») mais je ne la vois plus…)

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    • La petite souris

      il faut que tu essaye cet auteur Gridou, connaissant tes goûts je ne pense pas prendre de risque. Pour la faute je la vois pas non plus en plus j’ai une crève carabiné je partirai en chasse quand j’irai mieux ( au fait tu as reçu mon dernier mail? ) bisou

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      • gridou

        maintenant oui! Mais tu le sais déjà…Quant aux réponses de comm’, je ne les reçois point (pas dans mes spams non plus), mais je passe régulièrement (aussi régulière que je puisse être…)

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        • La petite souris

          ah zut regarde si avant de valader tu n’as pas un truc à cocher pour dire que tu veux être informée quand il y a une réponse à ton comm

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  4. Bonheur du Jour

    C’est un collègue de Nicolas Le Floch, l’enquêteur de ce livre ? Cela m’intéresse bien. Merci pour l’info.

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    • La petite souris

      Ah effectivement je n’y avais pas pensé, mais effectivement les deux officient àpeu près à la même époque me semble t-il ! 🙂

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  5. Cerdeira

    J’ai adorée « le moine et le singe roi » bien qu’il soit le tome 6. J’ai donc entrepris la lecture du tome 1 que j’ai fini et du tome 2 « messe noire ». Je ne comprend pourtant pas l’enchainement de ces 2 livres, ou sont passé Chiara et Casanova ? Combien de temp s’est écoulé depuis? Notre commissaire aux morts étranges est mis en scène dans un tout autre contexte, que reste t’il donc du tome 1 ?

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    • La petite souris

      bonjour ! désolé pour la réponse un peu tardive mais je suis débordé en ce moment ! 😉 OLIVIER BARDE CABUCON dont à mon goût, on ne parle pas assez ! j’ai eu l’occasion de le rencontrer dans un salon et d’échanger avec lui, c’est en plus d’être un bon écrivain, quelqu’un de fort interessant ! Je n’ai pas ( encore) lu tous ses romans, mais c’est sans conteste un auteur original que j’affectionne de lire quand un de ses livres me passe par les mains ! quant aux remarque concernant la succession des ouvrages, et savoir ce qu’il reste de l’univers du tome 1 , difficile pour moi de répondre à cette question ! il serait interessant d’interroger l’auteur en personne ! 😉 A très bientôt j’espère 😉

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