Mikula Mikko, alias Miki, est un homme en colère.
Son coéquipier, Molly, jeune lieutenant idéaliste qui voulait nettoyer la ville de Kosice de sa criminalité, est retrouvé mort au volant de sa voiture.
Mikki ne croit absolument pas à la thèse de l’accident.
Pour lui son collègue été assassiné et son meurtre maquillé.
Et ce n’est pas les efforts de sa hiérarchie et des politiques pour étouffer l’affaire qui vont y changer quelque chose.
Mikki n’est pas un flic meilleur que les autres, mais c’est un teigneux, un dur à cuire qui à l’inverse de bon nombre de ses pairs, ne se laisse pas acheter .
Flic désabusé ,Il y a bien longtemps qu’il s’est délesté de ses illusions et qu’il a appris à nager dans les eaux troubles de cette société slovaque gangrénée par la corruption et la criminalité.
Molly avait peut-être l’innocence de sa jeunesse et la naïveté de ses débuts, il ne méritait pas de finir comme çà.
Et sa mort violente ulcère Miki , qui va rentrer en guerre , bien décidé à se venger des mafieux qui ont massacré son coéquipier.
Et le combat va être frontal !
Dans sa lutte, il pourra compter sur Le Barge, un autre flic , et sur Schlesinger, un journaliste qui n’a pas froid aux yeux ,et qui prendra tous les risques pour dénoncer et faire tomber les criminels qui ont trempé dans l’assassinat de Molly.
Arpad Soltesz entraine son lecteur dans ce combat titanesque où tous les coups sont permis. Autant dire que c’est particulièrement violent tant sont nombreux ceux qui vont laisser leur peau sur le champ de bataille, car « La vie d’un mafieux est belle, mais courte ».
Il faut dire que l’auteur nous offre un personnage hors norme à travers ce flic en pétard.
Mikki est loin d’être un idéaliste. Ce qui compte pour lui c’est de coffrer les salauds ou de les mettre hors d’état de nuire. Et la loi il s’en accommode « d’une façon créative et flexible » .
Peu importe la méthode, seul le résultat compte, même si pour cela , selon les circonstances, il faut parfois s’allier à quelques truands pour parvenir à ses fins.
Cette plongée dans les bas fond de ce pays rongé par la corruption est impressionnante. S’y côtoie les mafieux bien sûr, mais aussi les politiques, les services de renseignement de l’état, et les policiers véreux trop nombreux. Tous promptes à s’entendre pour défendre et préserver leurs intérêts.
Nous sommes dans les années 90, au début de l’ère post soviétiques, où les ex-pays du bloc de l’Est font l’apprentissage de la démocratie. Un temps où les apparatchiks de d’hier sont devenus les oligarques d’aujourd’hui en ayant ont eu tôt fait de s’accaparer la part du lion dans les affaires du pays en entretenant des accointances avec la mafia.
Difficile dès lors pour la justice de triompher du crime organisé qui gangrène le pays.
« Colère » est un roman dense, âpre et particulièrement nerveux.
Le lecteur aura peut-être du mal à se faire au début aux noms des différents personnages, d’autant que l’auteur en fait intervenir un grand nombre tout au long de son roman.
Mais passée cette légère difficulté, il ne pourra que se passionner pour cette histoire de vengeance, à l’écriture brutale, qui foisonne de fusillades, d’assassinats et d’explosions , et où l’alcool coule à flot.
Il ne se rendra même pas compte qu’au final il aura lu un pavé de près de cinq pages, tant il aura plaisir à voir ce flic féroce faire face aux truands gitans, aux gangs d’albanais et tchétchènes, aux flics et aux agents véreux.
Si cette colère est d’abord celle de Mikki, le personnage principal de ce livre, elle est aussi celle d’ Arpad Soltesz qui fait de la corruption une thématique récurrente de ses œuvres.
N’oublions pas que l’auteur est à la base un journaliste d’investigation qui n’a eu de cesse de dénoncer la connivence entre le crime organisé et les élites dirigeantes de son pays.
Non sans risque, puisque depuis les élections de 2023 ce dernier a préféré quitter son pays.
« Colère » est sans doute un des meilleurs romans noir de l’année.
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