FACIES DELICTI

24 mai 2014

Roman de

Jean-Baptiste Seigneuric

Édité chez

l'Appart

Date de sortie
17 janvier 2014
Genre
Policier
Pays de l'auteur
France

Sans doute ne connaissez vous pas encore  le nom de Jean Baptiste Seigneuric. Pourtant voilà un auteur publié chez un petit éditeur, mais qui n’en est pourtant pas à son premier roman.

Il m’arrive parfois d’ouvrir la porte à des auteurs encore méconnus ou à la recherche de leur premier public. Je ne le fais que très rarement , car avouons le, bien souvent le résultat est fade et sans saveur, quand il n’est pas tout bonnement de médiocre qualité.

Au final une perte de temps dommageable puisque je préfère rapidement oublier le bouquin plutôt que de me torturer les méninges à écrire une chronique pour un livre qui m’a laissé de marbre, quand il ne m’a pas carrément énervé par sa piètre qualité littéraire.

Difficile ensuite pour un auteur de me convaincre de le lire quand il vient m’expliquer que c’est son premier roman et que je ne connais même pas l’éditeur qui le publie.flm

Pourtant parfois, certains arrivent à pousser les portes de Passion Polar.

Jean Baptiste Seigneuric est de ceux là. Il est en effet parvenu à titiller et harponner ma curiosité, d’abord avec un titre, « Faciès delicti », chargé de mystère , et une quatrième de couverture porteuse d’une promesse d’un roman trépidant et captivant.

Il est là, allongé dans sa chambre d’hôpital. Une peau de pansements et de tuyaux nourriciers, immobile, arraché au rythme de la vie, cloué sur son lit par la douleur. Un mécano humain dont on rafistole les pièces une à une, dans un jeux de balancier entre sa chambre et le bloc opératoire.

Tout à brûler dans cet accident. Sa peau, sa vie, son identité, mais pas ses souvenirs. Non plus ses yeux et sa faculté d’analyse. Il sait qui il est, ce qu’il a fait. Même s’il joue l’amnésique. La trachéotomie le dispense d’essayer de parler.

kijEux, ne savent rien. Pas encore du moins. Ni qui il est, ni pourquoi il est arrivé là. Derrière ces brûlures qui déshumanisent, qui mettent la compassion à distance, ils ne voient que la prouesse de leur technique opératoire, de leur chirurgie réparatrice,  et de leurs gestes experts et froids. Des mécaniciens du corps, mais qui ont oublié l’essence de la vie.

Au milieu d’eux il y a Manon Werther. C’est elle qui va reposer un visage sur vie. Lui greffer celui d’un autre. Une autre peau , comme un masque, une camisole, pour cacher les conséquences d’un passé que l’on ne voudrait plus voir. Mais on ne cache pas la nature profonde d’un être derrière un morceau de tissu humain.

Alors il attends patiemment son heure. Car il le sait, il va devoir agir, et vite. Dès qu’il aura repris l’ascendant sur son corps, en supportant cette peau qui n’est pas la sienne, ce visage qu’il méprise déjà. Agir avant qu’il ne soit trop tard. Avant que les pansements retirés de ses mains on ne prélève enfin ses empreintes pour savoir qui il est. Et qu’enfin ils comprennent…

De ce roman construit en deux grandes parties, la plus passionnante est sans conteste la première, celle qui relate ce malade mystérieux cloué sur son lit, qui ni peut ni parler, ni bouger , témoin de sa propre déchéance, et dont l’auteur nous fait pénétrer l’esprit et entendre les pensées.koi

Seigneuric pour l’occasion, distille au compte goutte à son lecteur sous perfusion, les éléments du doute, des miettes éparses d’une vérité à partir desquelles il va tenter de construire une hypothèse.

Mais l’auteur, perfide, ne laissera jamais le temps à son lecteur d’appréhender toute la réalité complexe de son personnage principal avant le dénouement final de son roman. Seulement lui laissera t’il entrevoir au fil des pages, l’esquisse de l’intelligence  d’un être potentiellement dangereux et calculateur.

Mais cette partie vaut aussi pour toutes ces phases de réparations plastiques auxquelles est soumis le patient. Et là, intervient toute la connaissance d’un art que maitrise parfaitement Jean Baptiste Seigneuric , puisque l’auteur est en effet chirurgien de profession.

 Autant dire que cette fois ci personne ne vous posera une main sur le torse pour vous interdire l’accès au bloc opératoire. Au contraire, vous allez même assister Manon Werther dans cette greffe salvatrice, œuvre pour laquelle elle sera prête à tous les sacrifices.

La seconde partie, est celle de la traque. De cet homme qui s’est enfui, entrainant dans sa course folle Manon Werther dont il fait une otage. A moins que d’autres raisons ne conduisent cette femme si sûr d’elle, infaillible dans sa posture et dans son métier à prendre ce chemin périlleux qui pourrait remettre en cause tout ce qu’elle a bâti jusqu’ici.

JBS

J.B Seigneuric

 Plus prévisible, moins surprenante, cette seconde partie, si elle a tendance à tirer un peu en longueur, ne manque cependant pas d’intérêt. A commencer par une scène de violence assez forte qui viendra confirmer toute les craintes du lecteur à l’égard de ce patient hors norme.

Pour autant, la vérité n’est jamais lisse ni sans aspérité,  et c’est au bout de ce chemin de 382 pages que le lecteur lèvera le voile sur la vie de cet homme en cavale pour en comprendre tout le sens de ses actes.

Voilà donc un roman plutôt réussi, qui dénote chez l’auteur un sens du rythme et de l’intrigue, que vient renforcer pour l’occasion sa parfaite connaissance du monde médical . Plutôt prometteur pour cet auteur qui cherche à élargir son public. Gageons que cette chronique l’ y aide modestement.

01

copyright Hippo

2 Commentaires

  1. izagh

    Une belle chronique qui donne envie de découvrir ce nouvel auteur

    Réponse
    • La petite souris

      n’hésite pas à le lire, c’est un écrivain fort intéressant ! 🙂

      Réponse

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