Éric et Andrew forment un couple heureux. Avec leur petite fille Wen, sept ans, ils aiment à passer leurs vacances dans la nature.

C’est ainsi qu’ils se retrouvent pour quelques jours dans cette demeure, au bord d’un lac, entourée de forêts. Le grand air.

@olivier-guillard

Wen est une enfant vive et curieuse, qui a une passion, celle d’observer les insectes et en particulier les sauterelles, qu’elle attrape et enferme dans des bocaux pour pouvoir les étudier en leur donnant des noms.

Tandis qu’elle s’affaire devant la maison à cette activité et que ses parents sont à l’intérieur, un colosse surgit près elle.

 Bien qu’imposant, Wen n’a pas peur et engage la conversation avec lui. Il se montre plutôt sympathique, et finissent par jouer ensemble. Le géant, qui se prénomme Léonard, l’aide même à capturer des orthoptères pour sa collection.

Mais soudain, trois autres personnes sortent des bois, tenant dans leurs mains, ce qui semble être des armes étranges.

C’est alors que Léonard déclare à la petite fille que

Apeurée, Wen court rejoindre ses parents et s’enferme avec eux dans la maison tandis que Léonard lui crie :

«  La maison aux confins du monde » est le deuxième roman de Paul Tremblay publié en France, après «  Possession » en 2018 aux éditions Sonatine.

@Daniel Lincoln

Curieusement celui-ci est paru directement en format poche, sans doute parce que sortait en même temps son adaptation cinématographique signée Night Shyamalan.

Balançant constamment entre thriller fantastique et roman apocalyptique, limite même horrifique, l’auteur fait le choix tout au long de son récit, de baigner son lecteur dans ce flou qui rend instable la perception des choses, ne manquant pas de nourrir ainsi l’angoisse et l’effroi.

Bien sûr, ces individus qui ont tout des quatre chevaliers de l’apocalypse vont finir par pénétrer dans la maison de Wen et de ses pères.

Et pour sauver les Hommes, la demande qu’ils font à Éric et Andrew est hallucinante et totalement inconcevable pour des êtres raisonnés.

C’est dans un huis clos particulièrement étouffant que plongent les protagonistes, où dans cette petite maison perdue en pleine nature, pourrait bien se jouer le sort de l’humanité tout entière.

Mais le monde est-il vraiment en train de sombrer dans le chaos comme ces étrangers l’affirment, où sont-ils simplement fous à lier ?

Les catastrophes qu’ils montrent en allumant la télé sont elles juste des coïncidences qui viennent nourrir leur funeste discours où confirment -elle la véracité de leur propos ?

C’est un combat entre la raison et la folie, entre le rationnel et les certitudes ou les croyances qui s’engage sous les yeux terrorisés de la petite Wen et ceux du lecteur, et qui ébranlera les convictions les plus profondes de certains protagonistes de ce roman.

A l’époque des fake news, des vidéos traficables au point que la manipulation est quasi indétectable, à l’heure des faux gourous et des complotistes en tout genre, le texte de Paul Tremblay a une résonnance toute particulière.

Quant aux personnages d’Éric et Andrew, pourquoi alors que toute leur vie durant ils ont été raillés pour leur homosexualité, est-ce à ces pères de faire le sacrifice qui leur est demandé pour sauver cette humanité qui les a si longtemps rejetés ?

Roman oppressant qui glisse progressivement dans une noirceur absolue, « La cabane aux confins du monde » est un récit dérangeant, parfois flippant, mais qui interpelle son lecteur sur bien des sujets.

Je n’ai pas vu le film tiré de ce livre, mais je doute que l’on y retrouve toutes ces interrogations. Un bouquin original qui sort de l’ordinaire ! Pour une première rencontre avec cet écrivain, c’est plutôt réussi !

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