LES ÉCORCHÉS VIFS

25 avril 2018

Roman de

Olivier Vanderbecq

Édité chez

Fleur Sauvage

Date de sortie
6 février 2018
Genre
Policier
Pays de l'auteur
France

Il faut être sacrément endurant pour oser s’aventurer dans le roman d’Oliver Vanderbecq !

Le moins que l’on puisse dire c’est que cet auteur ne vous laisse aucun répit et que c’est sans doute essoufflé par le rythme infernal qu’il vous impose que vous en ressortirez ! À moins qu’entre temps, au détour d’un chapitre, vous ayez pris une balle perdue.

Si vous aimez les histoires qui dépotent, où ça pétarade à chaque coin de page, alors « les écorchés vifs » est un bouquin pour vous.

Ce roman publié aux éditions Fleur sauvage est en fait une réédition. Initialement publié chez Amalthée en 2014, celui-ci a été revu et corrigé pour sa nouvelle parution.

Olivier Vanderbecq construit son récit sur le thème mainte fois exploité de la rédemption, autour de deux personnages que tout oppose et dont les destins vont bien sûr finir par se télescoper.

L’un, Pierre, est un truand cultivé et raffiné, amoureux des belles voitures, un tueur de haut vol qui rentre de Belgique direction le sud de la France.

L’autre, Damien, un flic de talent, mais bridé par sa hiérarchie. Après des débuts prometteurs à Nantes il est muté à Lille et la région nord, avec l’espoir de se confronter à de plus gros poissons. Son ambition finalement castrée par ses supérieurs qui lui mettent des bâtons dans les roues, il aime parfois passer son temps en compagnie d’une bouteille à ressasser son mal-être.

Deux hommes qui ont cependant en commun la perte d’êtres chers que l’absence taraude et ronge, aux prises avec leurs propres fantômes et démons.

C’est à Lille justement que les choses vont dégénérer pour verser dans un maelström particulièrement dévastateur.

Notre truand qui se fait braquer sa voiture par une bande de jeunes du quartier pendant qu’il mange dans un resto.

Des négociations avec le caïd du coin pour récupérer son bien qui virent à la fusillade.

La fuite qui en découle avec une gamine embarquée au passage pour la sortir des griffes d’un père proxénète. D’autres fusillades encore.

Rajoutez à cela une communauté gitane qui paiera le prix du sang d’être mêlé à tout ça, et vous avez le cocktail explosif qu’a concocté pour vous Oliver Vanderbecq.

Vous vous en doutez, ce roman sent le soufre ! Ça tire à tout bout de champ et vous aurez bien du mal à tenir à jour le compteur des victimes tant les morts s’accumulent au fil des pages !

Et si cela ne suffisait pas, l’auteur vous réserve un final cataclysmique qui fera se rejoindre nos deux personnages principaux dans un paysage de montagne.

Que dire d’un tel roman ?

D’abord que j’ai pu en ressortir vivant, évitant tirs croisés et explosions malvenues, ce n’est déjà pas si mal !  Ensuite que finalement je suis plus endurant que je ne le pense ! Le sprint narratif auquel l’auteur m’a soumis n’est pas venu à bout de ma volonté ( même si j’ai le sentiment parfois d’être passé dans une essoreuse à plein régime) !

Ceci étant dit, je n’ose pas secouer mon livre de peur de voir des centaines de douilles tomber à mes pieds !

Car c’est bien là mon problème avec ce roman. « Les écorchés vifs » est un livre du « trop ». Trop de scènes d’actions dont je suis arrivé rapidement à satiété et qui empêchent, à mon avis, le lecteur de s’attacher aux personnages, d’avoir de l’empathie pour eux.

 J’aime pourtant ce genre de scène où tout part en vrille dans une explosion de violence, mais leur profusion à outrance finit par prendre le pas sur le reste et masquer l’humanité des personnages.

Certes l’auteur parsème son roman de passages d’introspection tant chez le flic que chez truand.

Des moments bienvenus, car ils permettent au lecteur de souffler un peu avant de replonger dans le tumulte de l’action. Mais là aussi, le côté contemplatif dans ce qui m’apparaît un peu comme de l’auto-apitoiement ne m’a pas vraiment convaincu. En tout cas il ne m’a pas fait porter un regard bienveillant sur eux, restant jusqu’au bout complètement détaché d’eux. L’esprit peut être trop pris dans le brouhaha de ce qui précédait ?

Enfin, j’ai trouvé aussi le roman par trop manichéen. Les gentils d’un côté, les méchants de l’autre avec la sensation parfois d’avoir affaire à un super héros capable de se sortir de n’importe quelle situation délicate dans laquelle l’auteur pourrait le plonger. On ne s’angoisse pas pour lui.

 « Les écorchés vifs » est-il pour autant un roman raté ? Je ne pense pas.

L’auteur laisse entrevoir tout de même des qualités, qui bien exploitées, et bien accompagnées par un éditeur soucieux et attentif, peut finir par donner à l’arrivée un résultat très intéressant.

Tout d’abord le récit est très visuel, très cinématographique. S’il y a à mon goût trop de scènes d’action, il n’empêche que l’auteur les amène de belle manière. C’est fluide, percutant et terriblement efficace. À la juste dose, cela devrait donner un plus indéniable à de futurs récits.

L’imagination ne semble pas non plus manquer à l’écrivain. J’ai particulièrement aimé l’entame concernant le flic, cette affaire avec un banquier véreux témoigne qu’Olivier Vanderbecq sait être astucieux et original.

Le roman lui-même se laisse lire. Quand un bouquin ne me plait pas, je ne le mène pas au bout. Quand il m’agace prodigieusement il finit à la poubelle.

Ça n’a pas été le cas ici. « Les écorchés vifs » est le genre de livre que l’on glisse dans la valise pour un voyage, que l’on sort pour passer le temps quand on est pris dans les transports ( à fortiori par temps de grève.).

Il y a des auteurs, fort rares, capables dès leur premier roman de marquer les esprits, d’offrir d’emblée au lecteur une œuvre marquante, d’exprimer la quintessence de leur écriture et d’entrer dans la cour des grands.

 D’autres ont besoin de se patiner, d’affiner leur travail d’écriture, de se nourrir de leurs erreurs et des critiques qui leur sont faites, pour peu qu’on les accepte,  pour parvenir au final à être des auteurs que l’on aura ensuite plaisir à lire et à suivre.

Olivier Vanderbecq est de ceux-là. Les qualités sont là, tout est une question de curseur à placer au bon endroit.

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