MATER DOLOROSA

20 octobre 2024

Roman de

Jurica PAVICIC

Édité chez

Agullo

Date de sortie
5 septembre 2024
Genre
Roman noir
Pays de l'auteur
Croatie
Traduction
Olivier LANNUZEL
Avis

C’est une famille croate tout ce qu’il y a de plus ordinaire.

Chez les Runjic, il y a d’abord le fils, Mario, un garçon placide, parlant peu et semblant indifférent au monde qui l’entoure, qui ne travaille pas et préfère passer du temps sur sa console de jeu ou sortir avec ses copains.

Tout le contraire de sa sœur aînée, Inès, femme dynamique qui officie comme hôtesse d’accueil dans un établissement de Split, et qui entretient avec son patron une relation illégitime.

Enfin il y a Katja, la mère, femme de ménage qui s’échine à la tâche, et qui consacre le temps qui lui reste à cuisiner pour les siens et tenir impeccablement l’appartement hérité du défunt père, décédé dans un accident de la circulation.

Une femme croyante, dévastée par la perte de son mari et qui trouve le réconfort dans la religion, elle qui a tout sacrifié pour les siens.

@edgar-henriquez

Une vie à trois tout ce qu’il y a de plus banale donc , que va pourtant venir percuter un drame terrible.

Dans une vieille usine désaffectée de la banlieue de la ville, le corps d’une jeune fille est retrouvé.

Le crime ébranle la cité, car la victime est la fille d’un notable biren connu.

L’enquête est confiée à deux hommes, Zvone, inspecteur soucieux de vérité, et Tomas son collègue et supérieur, plus expérimenté , mais qui lui n’a qu’un hâte, celle de boucler cette enquête au plus vite, et en tirer un maximum de publicité, au risque de se perdre sur une mauvaise piste et engendrer un nouveau drame.

Quand Inès et Katja voient diffuser au journal télévisé le haut d’un survêtement et la bandoulière d’un sac de sport retrouvés sur les lieux du crime, leur sang ne fait qu’un tour. Se pourrait-il que Mario soit mêlé à cette horrible affaire ?

Chacune se tait, mais le poison du doute a déjà commencé à se répandre au cœur de leur foyer.

Avec «  Mater dolorosa » Jurica Pavicic signe à nouveau un roman magistral et tisse des portraits d’une profondeur incroyable , à l’image de celle de Katja, la mère, qui porte en elle toutes les douleurs de sa famille et qui est bien décidé à protéger vaille que vaille les siens.

@peter-herrmann

Une Femme symbole de ces citoyens déclassés ,qui au sortir de l’ère soviétique se sont retrouvés projetés dans l’économie de marché , avant que celle-ci ne les broie et ravage le tissu social et économique du pays.

Si « l’eau rouge » , premier et magnifique ouvrage de l’auteur publié en France, orientait le regard sur l’impact d’un drame sur les proches de la victime, ici c’est sur les conséquences sur l’entourage du présumé coupable que se focalise la plume de l’écrivain.

Et de fait, le lecteur va vivre la lente, mais irréversible dislocation d’une famille rongée par la suspicion et ce silence, lourd , corrosif , qui sera de plus en plus oppressant, à mesure que mère et fille vont réagir différemment face à la terrible vérité.

Jurica Pavicic ne se contente pas de dépeindre des personnages, il donne à voir ces gens pris dans la tourmente d’évènements qui les dépassent, dans leur vie ordinaire.

Katja dans sa cuisine, Inès aux prises avec des touristes irascibles et avec la femme de son amant qui va afficher au grand jour l’infidélité de son mari, Zvone, le policier, lié à un père malade, et en perdition.

Cet attachement de l’auteur à placer ses protagonistes dans leur réalité quotidienne les rend d’autant plus touchants.

@isabella-fischer

Mais dans ce roman, Jurica Pavicic, offre aussi la peinture d’un pays et d’une ville bien loin des images de cartes postales qui en font la renommée internationale, et une destination à la mode.

La ville de Split de Pavicic, n’est pas celle des rues médiévales, du quartier historique de Veli Veros, ou de la promenade de la Riva si prisés des touristes.

C’est celle des quartiers déclassés, des usines désaffectées laissées à l’abandon, stigmates d’un temps et d’un monde révolus .

Il y a dans les romans de Jurica Pavicic , une nostalgie lancinante, une nonchalance dans le déroulement de l’histoire qui en délivre toute la subtilité, et lui donne une musicalité toute singulière.

Comme l’image d’un bateau de papier à la surface des flots d’un ruisseau , et qui lentement file au gré du courant, mais qui amène inexorablement le drame qu’il porte en lui.

Il n’y a plus de doute aujourd’hui, Jurica Pavicic, est sans conteste une des plus belles plumes contemporaines !

ACQUISITION: SERVICE PRESSE

 

 

 

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