OYANA

23 avril 2019

Roman de

Éric Plamondon

Édité chez

Quidam

Date de sortie
7 mars 2019
Genre
Policier
Pays de l'auteur
Québec

C’est une lettre, une confession.

Un aveu pour remonter le temps, jusqu’à la source d’un mensonge qui a duré près de 20 ans et qui a faussé l’histoire de toute une vie.

Elle s’appelle Oyana. Vit depuis des années avec Xavier, son mari. Rencontré au Mexique ils se sont installés à Montréal au Canada.

Une existence harmonieuse et bien ordonnée.

Sauf que depuis 20 ans Oyana est rongée de l’intérieur. Son passé corrode son présent, ses souvenirs étouffent ses projets. Une vie à contenir ce flot d’amertume et de remords.

C’est en apprenant par hasard la dissolution de l’E.T.A que la digue cède. Que le besoin de partir, de retourner sur sa terre natale  et de tout révéler devient l’ultime échappatoire pour se reconstruire.

 Il est temps pour elle de faire face à ses fantômes.

Alors les mots se couchent sur les pages blanches, pour mettre au monde dans la douleur, ce passé qui l’ancre depuis si longtemps dans la culpabilité, comme un corps étranger qu’elle doit expulser pour se retrouver elle-même.

Et Oyana de raconter à Xavier

 Ciboure son village natal, à des milliers de kilomètres de Montréal. La montagne, la mer, Le vieux port, la pêche. Les copains bien plus tard, ses premiers émois amoureux.

Et le souvenir de ce cachalot échoué sur la plage quand elle était enfant, comme le symbole de sa vie aujourd’hui brisée sur les récifs de son passé.

Une jeunesse insouciante et idyllique.

Mais nous sommes au Pays basque. Terre fière de ses racines de sa culture et de sa langue, dont certains rêvent de la voire indépendante , et mènent combat.

Cette réalité va finir par percuter la vie tranquille d’Oyana.

Une descente de police dans un bar. Le réflexe de la fuite, sans raison, la course folle dans les rues avec les copains, les flics aux trousses. L’ivresse de l’adrénaline. Tout ça n’est pas sérieux.

Mais Manex son ami, chute. La pluie de coups de matraque qui s’ensuit, l’agonie dans une cellule de garde à vue, et la mort en point final d’une vie même pas vécue.

Un choc terrible qui la bouleverse, fait éclater l’univers bucolique dans lequel elle baignait jusque-là.

Quand un peu plus tard, elle découvrira que son vrai père était un militant indépendantiste ayant participé à l’assassinat d’un haut responsable du régime franquiste bien des années plus tôt, elle glissera lentement dans cette mouvance séparatiste, sans vraiment avoir conscience des motivations qui l’animent.

Mais il n’y a pas de cause sans souffrance, pas de combat sans larmes, et c’est tardivement qu’elle se rendra compte que pour chaque révolte il y a un prix à payer.

D’expliquer alors qu’elle s’est retrouvée avec le sang d’innocents sur les mains, celui d’une mère et de son enfant, à la suite d’un attentat à San Sebastian qui n’aurait pas dû les atteindre.

La fuite alors. Partir loin. L’exil et l’ abandon des siens, de ses compagnons de lutte. Sans se retourner.

Et vivre avec ce poison.

 Car les souvenirs sont insubmersibles.

Découvert avec le magnifique roman TAQAWAN, qui prenait pour cadre le Québec, cette fois-ci l’auteur nous revient avec une histoire qui traverse l’Atlantique et nous emmène au Pays basque.

Après avoir évoqué les Amérindiens qui, dans les années 80, s’opposaient au gouvernement provincial décidé à leur interdire leur droit ancestral à pêcher le saumon dans les rivières, c’est à une autre lutte qu’Éric Plamondon nous propose de nous intéresser. Celle de ces Basques pour l’indépendance de leur pays.

À travers les lettres qu’elle va laisser derrière elle, le lecteur va découvrir son parcours, en même temps que le mari d’Oyana. Celle d’une femme avalée par une histoire qui la dépasse, condamnée par ses propres choix à la douleur.

Un portrait de femme magnifique, sublimé par la sobriété et la poésie de l’écriture d‘un Éric Plamondon qui par ses mots, souligne toute l’ambiguïté de l’engagement, la perte d’identité qu’il y a à en défendre une, et l’inextricabilité de la violence terroriste à la violence étatique.

Habilement, mêlant les coupures de presse, les communiqués, il imbrique le vécu personnel et les faits historiques, donnant une lecture à ces derniers qui n’a rien de linéaire et dénué de manichéisme. Une lecture plus intimiste d’une cause et d’évènements, bien loin des stéréotypes des livres d’histoire et des rendus télévisuels.

Encore un très beau roman signé d’un auteur qu’il vous faut absolument découvrir.

Lien vers la chronique de :

TAQAWAN

2 Commentaires

  1. Pierre Faverolle

    Hé hé ! je viens de le finir ! Ben … tu as tout dit. A ne pas rater et surtout ne pas en rater un mot, une miette. BIZ

    Réponse
    • La petite souris

      Merci Pierre ! j’ai hâte de lire ton retour ! 😉

      Réponse

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