Peut être avez-vous lu son premier livre  » Ceux qui restent ». Si ce n’est pas le cas, alors vous ne connaissez pas encore Jane Casey. Cette jeune auteure irlandaise vient de signer son second roman qui sort aux éditions Presses de la Cité, et qui s’intitule  » Par le feu ». L’occasion donc, de faire connaissance avec celle qui semble faire du thriller son terrain de prédilection.

Nous sommes à Londres. La ville est traumatisée depuis quelques temps par les agissements d’un serial killer que la presse a tôt fait de surnommer Le Crémateur. Ce criminel qui mobilise tout ce que Scotland Yard à de spécialistes en la matière, à en effet pour caractéristique de rouer de coups les femmes qu’ils enlève , avant de brûler leur corps dans les parcs où il les abandonne.

La police est donc à cran, et la presse fait ses choux gras de cette affaire qui défraie la chronique.

Pourtant, pour une fois, la chance semble être du bon côté, puisque la police finit par localiser un suspect et par l’appréhender.

Mais au moment où l’affaire semble avoir trouvé son épilogue, le corps d’une cinquième victime est découvert venant remettre en question la culpabilité du suspect arrêté.

Maeve Kerrigan est lieutenant de police, et a fait partie du staff de recherche mis en œuvre pour retrouver l’assassin. Difficile pour elle de faire sa place dans cette équipe masculine où les blagues , les réflexions machistes et sexistes sont monnaie courante. Et être d’origine irlandaise n’arrange pas les choses. Heureusement pour elle, son caractère bien trempé et son sens de la répartie tiennent ces mâles en respect. Malgré tout, on ne lui a pas donné jusqu’ici l’occasion d’exprimer tout son talents de flic, la  cantonnant à des tâches subalternes de surveillance ou de recherche d’informations.

C’est à elle justement que le chef d’équipe va lui confier finalement celle d’enquêter sur la dernière victime, histoire de trouver des éléments susceptibles de remettre ses hommes à nouveau sur la piste du tueur. Cette opportunité de se rendre utile, Maeve ne va pas la manquer, bien décidée à montrer qu’elle a toute sa place dans l’équipe.

Mais en creusant le passé de Rebecca Haworth , la dernière victime, Maeve va faire de bien curieuses découvertes qui vont complètement relancer les investigations dans une direction totalement inattendue.

Voilà une donc enquête en forme de poupée russe, avec des rebondissements et des dialogues nombreux, une alternance constante des narrateurs, qui donnent son rythme à l’œuvre de Jane Casey.

Sur le principe qu’une affaire peut en cacher une autre, tout l’habileté de l’auteur est de parvenir à faire prendre à son roman un aiguillage qui va le conduire dans une direction qu’initialement le lecteur n’avait pas imaginé. Certains en ressortiront sans doute déçus, l’affaire du serial killer passant au second plan, quand d’autres trouveront dans cette subtilité d’exécution une satisfaction à être pris de court.

Si l’idée du basculement de perspective est effectivement séduisante , elle aurait méritée malgré tout un liant un peu plus fort entre les deux histoires pour ne pas donner l’impression au lecteur que celle du serial killer ne sert que de prétexte à la seconde. Le mariage du thriller et du polar classique n’est pas un exercice facile.

Cet écueil mis à part, on est loin cependant d’un roman ennuyeux. Jane Casey maîtrise son sujet et ménage son suspens en distillant ses effets. Dans cet univers masculin et macho, elle déplace le centre de gravité de son roman entre deux personnages féminins qui vont occuper une place prépondérante dans le scénario. Une touche qui donne au roman à la fois son originalité et son ton.

 » Par le feu » est donc un curieux roman, par sa construction tout d’abord, pas vraiment un thriller , pas non plus un polar au sens classique du terme ; par ses personnages ensuite autour desquels se construit l’histoire. Une sorte de partie de cache-cache sans être non plus un duel à distance , une atmosphère féminine dans un univers d’hommes.

 En cela, le dernier livre de Jane Casey sort de l’ordinaire et mérite l’attention du lecteur.