La voiture déboule de nulle part ! d’abord le hurlement du moteur qui attire votre attention. Puis le freinage, brutal, le long du trottoir et la 508 qui stoppe à votre hauteur. Vous tournez la tête, et vous reconnaissez le gus, l’auteur James Holin.
La fenêtre ouverte, il vous ordonne de monter « magne-toi bonhomme, l’histoire va commencer et elle ne va pas t’attendre ! ». Pas le choix, vous vous glissez dans l’habitacle. On oublie la ceinture, la voiture redémarre sur les chapeaux de Roue.
Et vous voilà embarqué dans un récit qui va se dérouler à fond les ballons !
Car le moins que l’on puisse dire c’est que le nouveau roman de James Holin ne vous laisse pas une seconde de répit.
C’est un flic méchamment burné, un dur à cuir qui en a tant vu durant sa carrière.
Il en porte d’ailleurs les stigmates puisqu’il a une main de résine, souvenir de sa dernière confrontation avec le « Blond » qui, disent les plus anciens, lui aurait volontairement sectionnée.
« Le Blond » on s’en doute, c’est son obsession. Pour la mutilation qu’il lui a infligée bien sûr, mais aussi pour la mort de son père et de son coéquipier. Vous comprendrez dès lors, pourquoi c’est une véritable haine que le commandant Cameron voue à ce délinquant notoire.
Oui, mais voilà, le « blond » reste insaisissable. Truand manouche, c’est un braqueur expérimenté qui vous dénoyaute des distributeurs de billets (DAB) comme d’autres épluchent des cacahuètes.
Un bail qu’il n’a pas fait parler de lui. Rangé des affaires ou préparant un nouveau casse ? Les radars de Cameron sont obstinément silencieux, engendrant chez le policier une vraie frustration de ne pouvoir lui mettre la main au collet.
En attendant, il bosse sur d’autres enquêtes avec son équipe. Une team qui lui est totalement dévouée tant l’admiration que ses partenaires lui portent est grande.
Mais il doit aussi se farcir les innombrables réunions ennuyeuses organisées par le directeur du cabinet de préfet pour faire le tour de l’actualité des crimes et délit dans le département.
C’est au cours de l’une d’entre elles que Cameron va tiquer sur une info lâchée par une colonelle de gendarmerie. Un DAB aurait été dévalisé.
Aussitôt sorti, Cameron cherche à en savoir plus et se débrouille pour avoir accès aux vidéos surveillance. À la vue des images, il en est convaincu. Le « Blond » est de retour.
Le chasseur se lance sur sa piste, bien déterminé cette fois à ce que son gibier ne lui glisse pas à nouveau entre les pattes.
À partir de là c’est une tout autre histoire qui démarre. Et ça va dépoter un max !
Entre filatures, courses poursuites et fusillades, le lecteur est pris dans un déferlement d’actions où la violence va aller crescendo.
Mais à mesure que Cameron et son équipe se rapprochent de leur cible, le policier va peu à peu perdre le sens des réalités et franchir des limites très lourdes de conséquences, obsédé non plus par l’envie de coffrer un malfrat pour que justice soit faite, mais par sa soif de vengeance qui apparaîtra au grand jour.
C’est le premier roman que je lis de James Holin, qui contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer est un auteur bien français. Celui-ci a déjà publié plusieurs romans, ainsi que des nouvelles.
« Pleine balle » est un roman nerveux rudement bien mené, c’est le moins que l’on puisse dire. On rentre très vite dans ce récit et dans cette atmosphère de chasse à l’homme à laquelle nous invite l’écrivain, et on en prend plein les mirettes.
Globalement, j’ai bien aimé ce roman.
Néanmoins il y a une chose qui m’a dérangé dans cette histoire, c’est la psychologie du personnage principal, Cameron.
Je n’ai jamais réussi à avoir pour lui la moindre empathie. Il faut dire que c’est un individu assez hermétique.
Même sa vie privée est un désert de glace où les sentiments ont du mal à se fixer dans son cœur. Sa relation avec Leïla, sa coéquipière et sa partenaire du moment, semble assez superficielle.
Son jusqu’au-boutisme est assez flippant, faisant fi des risques insensés qu’il fait courir à ses hommes, dont la vie apparaît secondaire par rapport à sa volonté d’abattre son ennemi intime, et de la légalité de ses décisions.
Ce départ en vrille est assez hallucinant, allant jusqu’à menacer de son arme Leïla qu’il embarquera dans un final explosif.
Heureusement ce bouquin ne manque pas de qualités.
À commencer par les autres personnages du roman, en particulier les membres de l’équipe de Cameron. Un jeune bleu qui vient tout juste d’intégrer la team, amoureux naïf d’une collègue qui a pour habitude de butiner à plusieurs fleurs, un bras droit proche de la retraite, et Leïla qui ne sait plus trop quelle attitude à avoir avec lui.
Je me suis davantage attaché à eux qu’ à ce commissaire qui partira à la dérive .
Rajoutons aussi une bonne dose d’humour qui agrémente cette histoire ! Les réunions avec le directeur du cabinet du préfet sont assez hilarantes, et vous apprendrez également dans ce livre, à éplucher un drôle d’animal !
Malgré ma réticence à l’égard de ce flic qui fonce dans le mur et pour lequel je n’ai pas eu la moindre sympathie, ce premier rendez-vous avec ce James Holin reste toutefois positif.
Il a incontestablement de l’imagination et un sens de la dérision qui me plait beaucoup. Il me faudra sans doute lire d’autres de ses romans pour me faire une idée un peu plus précise de son univers et de son style, mais cette lecture est assez concluante.
Par contre, je lui en voudrai toujours d’avoir essayé me faire manger du hérisson !!! 🙂
ACQUISITION : SERVICE PRESSE
Bonjour Bruno, dithyrambique s’il en est….. Encore une belle mise en bouche,alors si je peux me permettre, sinon n’affiche pas mon commentaire, j’ai regardé la petite interview sur YouTube de James Holin, il a reçu le prix du sablier ⏳ noir pour le manuscrit du livre ‘pleine balle ‘, belle récompense, il ne manque effectivement pas de présenter Cameron sous un jour peu sympathique, ce qui renforce tes propos…. Bref,,je vais de ce pas me procurer ce livre bien tentant et reviendrai vers toi le moment venu…. Merci pour ton travail et tes mises en bouche…… Amicalement Lionel….. Bonnes vacances peut être…..
Bonsoir Lionel, je suis impatient d’avoir ton retour sur ce bouquin ! j’ignorai pour le prix, merci pour l’info ! 🙂 merci pour ta confiance et tes petits mots que tu ne manques jamais de me laisser au fil de mes chroniques ! 🙂
Bonjour Bruno………….désolé, mais, je n’ai pas accroché, attention lu les 267 pages (13 Euro) donc je n’ai rien manqué.
Ce que tu indiques dans ta chronique est fidèle, rien à dire, tes appréciations sont justes. Bon maintenant mon humble avis.
Positif== la durée d’action dans le temps, Début la veille fin d’après midi , Fin le lendemain début de matinée, soit environ 12 heures, c’est court et concis ok, le déroulement géographique ok, la narration vive et précise moyen.
Négatif== la transition d’histoire entre son père (Harki), le blond (Ratonade et Braquo) et le présent , 1960 environ pour la guerre d’Algérie à nos jours avec Cameron 24 ans de service ???? une génération manque !! Il décrit Cameron n’ayant pas les moyens, non un commissaire de Police gagne correctement sa vie (facile a vérifier entre 3400 et un peu plus de 6000 en fonction du statut de grade final)…..La jambe broyée (fracture ouverte) il transporte leur blessé sur Creil pour la raison de proximité pour les visites ? essaye en voiture de convoyer une victime dans cet état sur plus de 120 km !! pas imaginable. A la fin tout le monde est mort sauf notre blessé à la jambe !!!! fin d’ailleurs digne de Mesrine porte de Clignancourt (un carnage), non trop d’invraisemblance à mon goût…..Je rajouterais les clichés « Guerre d’Algérie, Harki, Racisme et j’en passe…..Le coté Argot aussi qui dérape bien souvent vers le dialecte « Cru », au moins il parle vrai en employant « queue de détente » et non « gâchette » …..J’allais oublier les fautes d’orthographe ou faute de conjugaison ( Bayait aux corneilles Non, Baillait aux corneilles Oui. Rédhibitoire dans un livre)…. Voila j’en termine, je sais c’est plutôt sévère mais je pense rester réaliste……je demande plus de véracité, de profondeur, d’attachement aux personnages, c’est mon avis bien sur, bon tu nous présentes bien le personnage principal, mais je n’accroche pas non plus avec les autres protagonistes, sauf peut être Laïla…..
Merci encore pour ton travail et comme toi et par curiosité je vais essayer un ou deux autres livres de cet auteur………….
J’ai attaqué Varesi …………………J’aime déjà beaucoup après une heure de lecture…………………..
Salut Bruno,
Je termine ce fameux bouquin qui se déroule à 200 km à l’heure et en relisant ton analyse , je constate combien tes commentaires sont précis, c’est d’ailleurs ce qui pousse la plupart de tes « followers » à te suivre !!!!
J’ai bien aimé cette poursuite haletante avec ces sentiments contradictoires que ce « Fumier » de Cameron se « pette la gueule » tout en réussissant sa mission .
En remarque:
Dommage que les Editions du Caïman fabrique des reliures aussi rigides et inconfortable à lire !!
Amitiés
Robert
Bonjour mon très cher ami ! ah que ca me fait plaisir de lire ce commentaire ! 🙂 c’est vrai tu as raison pour la reliure, mais c’est une petite maison d’édition (dans le bon sens du terme) qui monte qui monte doucement, donc un jour je pense ils changeront les choses 😉