PREMIER SANG

22 septembre 2013

Roman de

David Morelle

Édité chez

Gallmeister

Date de sortie
6 juin 2013
Genre
Policier
Pays de l'auteur
Canada

RAMBO. John RAMBO. Ça vous dit forcément quelque chose ? Impossible que vous ne connaissiez pas ce nom, qu’immédiatement vous n’ayez pas en tête l’image de ce personnage ,un poignard entre les dents ou un fusil d’assaut dans les mains.

Un film qui devait en annoncer d’autres nettement moins intéressants et qui devait lancer dans les étoiles la carrière d’un certain Sylvester Stallone.

Mais saviez vous que cette histoire n’était pas née dans l’esprit d’un scénariste Hollywood mais bien dans celui d’un écrivain? Cet écrivain, c’est David Morrell . Auteur canadien bien connu outre-Atlantique, qui a déjà signé plusieurs romans à succès.

Pour notre plus grand bonheur les éditions Gallmeister réédite cette année, dans une nouvelle traduction, ce premier roman de l’auteur qui date de 1972 . L’occasion pour le lecteur de découvrir ce personnage tel que David Morrell l’avait réellement imaginé.

Rambo est rentrée de la guerre. Il marche le long des routes, avec ce qu’il reste de sa vie en bandoulière et pour seule boussole son instinct qui le conduit à travers le pays.  Mais dans cette région agricole qu’il arpente, on n’aime pas les vagabonds ni les cheveux longs.rambo

Dans la petite ville de Madison, c’est au shérif  Teasle qu’il incombe de veiller à ce que la quiétude des braves gens ne soit pas perturbée par la présence en ville de routards et autres marginaux en vadrouille. Aussi, quand il tombe sur Rambo, il l’invite prestement à monter dans sa voiture de patrouille et le reconduit immédiatement à la sortie de la ville.

De la rencontre de ces deux hommes viendra la déflagration. Rambo reviendra en ville, sera à nouveau intercepté par le shérif pour finalement être arrêté et déferré devant un juge. Jusqu’au drame qui va tout déclencher : Rambo tue un adjoint du shérif et s’enfuie dans la forêt toute proche.

Dès lors la chasse à l’homme peut commencer et les rouages du cataclysme à venir se mettre en branle.

Le roman de David Morrell est très différent du film qui s’en est inspiré. Il s’en démarque d’abord par la violence qui s’y déchaine. Si dans le film Rambo ne cherche pas à tuer, dans le roman, à l’inverse, il ne cherche pas à épargner . La mort est omni présente et les cadavres jonchent les chapitres.

madisonPoliceL’autre différence tient à la peinture des personnages. Rambo  n’est pas ce taiseux un peu bourrin qui ne serait juste qu’une machine à tuer tel qu’il est dépeint dans le long métrage. Il a une conscience assez aiguisée dans le texte de Morrell, il réfléchit aux raisons du drame qu’il est en train de provoquer et aux conséquence de ses choix.Il s’exprime, parle, ressent les choses jusque dans sa chair.

Quant au shérif, présenté comme un plouc, bête et méchant dans le film, c’est un tout autre personnage qui se dessine sous la plume de l’auteur.

Plus âgé que Rambo, c’est lui aussi un vétéran et un héros médaillé. Lui a gagné sa guerre ( de Corée) quand Rambo  est en train de perdre la sienne ( au moment où le roman est écrit la guerre du Vietnam n’est pas encore terminée).kenty

Un homme qui ne transpire pas la haine, mais qui fort de son autorité et de son expérience décide de ce qui est bon pour sa communauté, et qui ne supporte pas de voir celles ci remises en cause . Accroché à cet ordre qui  semble tenir lieu de bouée à son existence , Teasle veille sur sa ville.

Malgré l’intransigeance du shérif vis à vis de Rambo, il aura pour lui une certaine compassion, avant que celle ci ne se transforme progressivement en un mélange d’admiration et  de soif de vengeance. C’est un homme obstiné qui assumera jusqu’au bout ses choix, même au risque d’introduire  la guerre au cœur d’une région qui s’en tenait jusqu’ici éloigné.

Dès lors on s’écarte de la vision manichéenne du film, et l’ alternance volontaire des points de vue des deux protagonistes dans le livre va rendre difficile ,voire impossible l’émergence d’une empathie pour l’un des personnages .

couteauLe lecteur assiste au cataclysme provoqué par ces deux hommes qui paradoxalement au fond d’eux ont une certaine forme de respect l’un pour l’autre, mais qui  pris dans « leur » guerre iront jusqu’à une issue qui ne pourra qu’être funeste. Car ces deux hommes bien que vivants sont déjà, et depuis longtemps, de l’autre côté de la vie.

David Morrell

David Morrell

Le roman de David Morrell est remarquable.  Si le film dénonce le problème sociétal du retour au pays des soldats du Vietnam, le roman s’axe cependant davantage autour de ces deux hommes qui en conscience vont progressivement s’abandonner à leurs pulsions meurtrières et retrouver leur instinct guerrier, incapables de renoncer au scénario qu’ils sont en train d’écrire.

Un retour vers la bestialité symbolisé par un Rambo qui s’enfuira nu de la ville, comme s’il abandonnait derrière lui le peu d’humanité qui lui restait, et qui se réfugiera dans une grotte, comme un retour à l’âge primaire de l’Homme.  Le décors épuré et magistral qu’offre la nature sauvage des lieux viendra amplifier ce sentiment.

David Morrell ne nous offre pas un duel entre deux têtes brûlées, deux abrutis gonflés à la testostérone. Leurs rapports sont bien plus complexes que cela.

 Affrontement de deux Amériques, opposition générationnelle, rapport d’une société à violence qu’elle fabrique, relation au père, le roman ne manque pas de symboliques.

Un roman bien loin du film de Ted Kotcheff qu’il convient donc de lire pour rencontrer le véritable Rambo que nous croyons tous connaître, mais qu’il nous reste à découvrir !

18 Commentaires

  1. alain

    cela me donne envie de le lire, j’avais vu à l’époque (j’étais jeune, soupir), le film et j’ignorais complétement qui était l’auteur je pensais que c’était du à Sylvester comme les rocky (ou la aussi je me trompe peut être ).
    bon article, je l’ai coché sur ma liste

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    • La petite souris

      bonjour Alain ! Si je t’ai donné l’envie de lire ce roman , alors mon but est atteint. Je crois que tu ne seras déçu pas ce roman magnifique, mais brutal et violent. Mais tu verras, nous ne sommes pas là dans une débauche de violence gratuite. N’hésite pas à revenir vers moi pour me donner ton impression de lecture si effectivement tu décides d’ouvrir ce livre qui mérite d’être lu ! A bientôt j’espère !

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  2. Oncle Paul

    Bonjour Bruno
    Je suis bien content de n’être qu’un lecteur et non cinéphile, car bien souvent les films ne donnent pas à lire les romans dont ils sont issus
    Et dire que j’ai six romans de David Morrell dans ma bibliothèque que je n’ai pas encore lus (en Livre de Poche et J’ai Lu)
    Honte sur moi !
    Amitiés

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    • La petite souris

      bonjour PAUL,

      Comme je l’indiquais à mon amie la Belette ( cf commentaires) le film et le roman ne racontent pas forcément la même histoire. Pour autant je n’irai pas jusqu’à dire que le réalisateur à dénaturé le roman. C’est différent ( je ne parle pas des daubes cinématographiques qui ont suivi le premier opus). Lui se sert du film pour dénoncer un problème sociétale, celui du retour au pays des vétérans ( qui plus est vaincus) et dénonce cette capacité d’une société à faire des hommes des machines de guerre mais qui est dans l’incapacité totale de à les ramener à la paix, à la vie civile. Le film a été le premier à soulever le problème, en cela il est en soit digne d’intérêt. Par contre le roman lui, nous offre une vision moins manichéenne des choses, avec des personnages qui ne sont ni bons, ni mauvais, mais qui portent en eux une face sombre qui remonte à la surface pour exploser dans un déferlement de violence incontrôlée. Le livre est remarquable en ce sens, je ne peux qu’insister auprès de toi que je connais fin lecteur et appréciant la bonne littérature pour t’intéresser à ce livre. Quant à moi je compte bien poursuivre la découverte de cet auteur qui à mon avis, n’a pas , en France du moins, la place qui doit être la sienne.

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  3. belette2911

    Hein ? Un Rambo différent de sa version bête et méchante d’Hollywood ? Une fois de plus, ils ont tout changé.

    Il ne hurle pas « Adiannnneee » ? Oh, pardon, je confonds avec un autre rôle oscarisé de Stalonne : Rocky Bat l’boa. 🙂

    Chouette chronique, petite souris.

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    • La petite souris

      bonjour ma belette !

      Eh non il n’a pas crié ce prénom, ni le tiens d’ailleurs (  » Beleeeeette ! ca ferait drôle quand même non? 🙂 ! toute façon dans la forêt, personne t’entends 🙂

      Plus sérieusement, oui ce Rambo là est différent de celui du film, même si le premier épisode cinématographique est tout de même intéressant. Film et roman ne raconte pas forcément la même histoire. Ce sont les films suivants qui sont inintéressants au possible et qui sont bons à jeter à la poubelle. Par contre, ce Rambo là, celui du livre est très violent, mais avec une épaisseur psychologique plus grande. Ce n’est pas le combat de deux ploucs. A lire, vraiment, car c’est en plus très bien écrit.

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  4. gridou

    Ce titre m’avais intriguée quand je l’ai vu chez Jean-Marc L. (qui lui n’a pas vu le film – vos articles sont très différents du coup). En fait je ne me souviens pas trop du film, que je n’ai dû voir qu’une seule fois il y a longtemps mais je ne suis pas surprise quand tu dis que le livre ne se limite pas l’univers manichéen du film et ma foi tu m’as convaincue, si je tombe dessus à la bibli un de ces jours je me souviendrais qu’il vaut le coup. 🙂

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    • La petite souris

      Si je n’étais pas en guerre contre la poste de chez moi qui rackette l’usager en refusant les envois en tarif vert je te l’aurai prêté bien volontiers ! c’est un excellent roman, moi je n’ai qu’une envie c’est de couvrir le reste de l’œuvre de cet écrivain !!! bisou 🙂

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      • gridou

        ça va aller…Par contre si t’as le dernier Chainas sous le coude, je t’envoie illico une vignette pour les frais de port! 😉 Faut absolument que je le lise rapido celui-là.
        Et le nouveau Jeremy Guez aussi!
        C’est bizarre, j’ai pas reçu de mail pour me dire que t’avais répondu à mon commentaire…

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        • La petite souris

          je n’ai pas le Chainas malheureusement. Par contre je vais recevoir le prochain Jérémy Guez qui devrait m’arriver d’ici quelques jours. Pour le mail t’annonçant que je t’ai répondu c’est curieux en effet. envoie moi un ptit MP si tu le reçois pas à l’issue de cette réponse ci que je te fais. kiss

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  5. Guillome

    ça fait le 3ème billet que je vois sur la blogosphère qui vante les mérite de ce livre bien loin du film. Car à priori quand j’ai vu cette sortie, je suis resté sceptique. Mais bon c’est publié chez Gallmeister, alors forcément cela a aiguisé ma curiosité. Et puis à la lecture de ton billet, ayé c’est finalement noté pour moi ! merci !! Ciao

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    • La petite souris

      bonsoir mon pote à moi !!! ah oui lis ce livre, excellent bouquin, très bien écrit ! surprenant !!! je l’ai quasiment lu d’une traite !!! AMitiés

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  6. Sandrine

    Ignorante que je suis : je ne savais pas que ce film était tiré d’un livre. Je lis pas mal de trucs sur la guerre en ce moment (celle de 14 et autres) et sur les vétérans, alors si j’arrive à sortir de mon programme, pas sûr que je me mette à celle du Vietnam, mais je note.

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    • La petite souris

      bonjour Sandrine ! je l’ignorai aussi rassure toi ! Par contre c’est vraiment un excellent bouquin qui mérite le détours. Si tu as une petit place dans ta PAL n’hésite pas à l’y coincer pour une lecture prochaine 😉

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  7. carineboulay

    Bien évidemment que ce nom me parle ! Mais je ne savais absolument que ce film était tiré d’un roman … Qu’est-ce que c’est enrichissant les blogs ! Réédition d’un bouquin paru en 1972 … 41 ans ! Mon année de naissance … Pas fan de l’acteur je serai toutefois bien tentée de découvrir le roman … Mais quand ?! Pas dans 40 ans j’espère … 😉

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    • La petite souris

      et ben voilà maintenant tu sais 😉 te reste plus qu’à le lire ^^ Merci pour ta visite Carine ! bisou !

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  8. Nathalie

    J’avais reperé le livre sur le site des editions Gallmeister ! Ton commentaire va me faire l’acheter un peu plus vite que prevu je pense !

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    • La petite souris

      alors j’ai atteint mon but si je t’ai donné envie de le lire ! ce livre vaut le détours tu verras ! bisou Nath’ !

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