LA PEUR BLEUE

19 septembre 2021

Roman de

Maurice GOUIRAN

Édité chez

Jigal

Date de sortie
20 mai 2021
Genre
Policier
Pays de l'auteur
France

Maurice GOUIRAN est un auteur atypique des éditions JIGAL, auxquelles il est fidèle depuis bien des années .

Auteur de romans policiers, chacun de ses ouvrages prend pour toile de fond une période historique, souvent mal connue ou caricaturée par des images d’Épinal trop prégnantes dans nos esprits, et qui sert d’écrin à une intrigue qui fait la part belle à des personnages hauts en couleur.

Quand on est flic à Marseille, on sait la violence, on sait la misère, les trafics, les règlements de compte, le racisme et la désespérance sous le soleil de la Méditerranée.

Sami Atallah côtoie ces maux qui gangrènent la cité phocéenne.

Pourtant quand on l’appelle pour se rendre sur une scène de crime, il ne se doute pas encore que sa vie en sera bouleversée à jamais.

C’est un promeneur qui a trouvé le corps dans un bosquet, pendu à un arbre. La victime a été égorgée et semble être un vieil homme.

Quand Sami Atallah enlève le sac qui recouvre le visage du défunt, c’est le choc. C’est son père, avec qui il n’avait plus guère de contact depuis fort longtemps qui a été sauvagement assassiné.

C’est bien parce qu’ ils n’avaient personne de compétent de disponible, que ses supérieurs confient l’affaire à la capitaine Emma Govgaline .

Il faut dire que sa précédente enquête, à la suite de la catastrophe des immeubles vétustes en plein cœur de Marseille et qui avait provoqué la mort de plusieurs personnes, avait fait bien des remous dans le microcosme politique locale, et qu’on avait estimé en haut lieu qu’il valait mieux la tenir à l’écart des dossiers les plus brûlants du moment.

Déjà hors norme par le fait qu’elle concerne directement l’un des siens, cette affaire va prendre une tournure des plus inquiétantes pour la Police marseillaise.

En effet, la capitaine et ses collègues vont rapidement faire le lien avec d’autres victimes exécutées selon le même rituel sordide.

Toutes très âgées, ce sont des Harkis, anciens supplétifs de l’armée française pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie.

C’est dans ce passé trouble et tumultueux, ainsi que dans celui de la famille de Sami Attalah, que vont devoir plonger les enquêteurs pour rechercher une vérité qui sera bien difficile à remonter à la surface du présent.

Pour la seconder, Emma Govgaline va faire appel à son ami et journaliste Clovis Narigou, avec qui elle a eu une liaison et dont les relations sont plutôt branchées sur du courant alternatif.

Et cette aide extérieure ne sera pas de trop pour essayer de comprendre pourquoi après plus de cinquante ans, quelqu’un s’en prend aux anciens membres d’une équipe ayant servi sous les ordres de celui qu’on surnommait Le Capitaine.

Si l’idée d’une vengeance prend forme, difficile de croire que le tueur puisse avoir le même âge que ses victimes !

Maurice Gouiran aime bien déchirer les rideaux de l’histoire derrière lesquels se cachent d’autres vérités que celles couchées sur le papier glacé de nos manuels scolaires.

Bien sûr, nous connaissons les harkis, pour les avoir vus souvent à la télé revendiquer une reconnaissance et une aide à l’insertion dans un pays qu’ils ont servi, mais qui considère que leur avoir permis de s’installer en France et d’avoir la vie sauve était en soi un solde de tout compte. Mais que savons-nous vraiment de leur histoire ?

Alors l’auteur se charge de rappeler à travers celle du père de Sami Atallah, comment certains jeunes à l’époque se sont engagés aux côtés des troupes françaises, les conséquences dramatiques de leur choix pour eux et pour les leurs, et cette désespérance immuable qui s’en suivra sur cette terre qui n’a jamais réellement voulu d’eux.

Car Maurice Gouiran ne se contente pas de braquer la lumière sur des zones d’ombre d’un passé trop vite oublié. Il plonge directement son lecteur dans le drame humain qui découle de ces faits historiques que l’on aime à cacher sous le tapis de la mémoire collective.

Que ce soit le drame des Harkis, ou celui des logements insalubres marseillais qui font la fortune des notables de la ville, qu’il dénonce aussi dans son roman, , l’auteur se fait poil à gratter et oblige à regarder en face des vérités que l’on ne cesse d’esquiver.

Il démontre livre après livre, qu’un écrivain peut faire œuvre utile pour réveiller nos consciences.

Les fidèles de Maurice Gouiran auront toujours autant de plaisir à retrouver ses personnages si hauts en couleur, à commencer par Clovis Narigou auquel il est très difficile de ne pas s’attacher.

Comme à son habitude, l’auteur déroule son récit avec une grande habileté, captivant sans coup férir son lecteur, tant par l’intrigue que par les apports historiques dont il nourrit son œuvre.

Lire un roman de Maurice Gouiran, c’est à chaque fois la certitude d’en ressortir en ayant appris quelque chose sur le monde .

6 Commentaires

  1. PONDANT Robert

    Bonjour Bruno,
    Comme tu as raison Bruno, les tèmes des romans de M Gouiran sont toujours basés sur des événements historiques majeurs que l’on voudrait oublier !! Je suis en train de lire  » Sur nos cadavres ils dansent le tango » roman avec comme toile de fonds l’Argentine de 1976 et la prise de pouvoir des généraux .
    Tes commentaires sur « La peur Bleu » et le sort réservé aux Harkis m’insite à le placer dans la liste de mes prochains achats .
    Encore un grand merci pour ton blog que je consulte fréquemment avec gourmandise
    Amitiés
    Robert

    Réponse
    • La petite souris

      ben dis dont, tu as vu, le sujet de roman est d’actualité en plus avec le pardon de la France !  » sur nos cadavre ils dansent le tango » je l’avais lu et chroniqué en son temps. Il très bien aussi !

      Réponse
  2. PONDANT Robert

    correction
    J’ai trop aspiré le H dans teme , Il s’agit donc de THEMES , c’est toujours quand on a libéré le mail qu’ apparaissent avec évidence les fottes d’ortograffe .

    Réponse
    • La petite souris

      c’est pas grave Robert, l’essentiel c’est qu’on se comprenne ! 🙂

      Réponse
  3. BERARD J

    Le roman d’Alice Zeniter  » l’art de perdre » évoque aussi la dure réalité de la venue en France des Harkis en 1962.

    Réponse
    • La petite souris

      merci pour cette précision ! les amateurs intéressés par cette période historique ne manqueront pas de le noter ! a bientôt j’espère ! 🙂

      Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.