ÉBLOUIS PAR LA NUIT

24 mai 2021

Roman de

Jakub Zulczyk

Édité chez

Rivages

Date de sortie
7 avril 2021
Genre
Roman noir
Pays de l'auteur
Pologne
Traduction
Kamil BARBARSKI
Avis

C’est un livre particulièrement noir et âpre que nous offrent les éditions Rivages, avec la publication de ce roman de Jakub ZULCZYK.

Un pavé de près de 500 pages qui vous plonge dans les bas-fonds de la société polonaise et déchire le rideau d’honorabilité d’une classe aisée qui se vautre dans la luxure et la dépravation.

Il s’appelle Jacek. Il est originaire d’Olsztyn, petite ville provinciale qu’il a quittée pour venir faire des études à la faculté des Beaux-arts.

Mais au gré de ses rencontres et des opportunités qui se sont offertes à lui, il est devenu un dealer de cocaïne.

Aujourd’hui sa clientèle compte nombre d’hommes politiques, d’entrepreneurs et de vedettes du show bizz. Mais elle se compose aussi de tous les paumés de la vie qui s’accrochent à la came pour s’évader d’une existence sans jour.

Jacek navigue dans ce milieu comme un fantôme, il vend sa cocaïne sans jamais y toucher, comme il ne touche pas à l’alcool non plus. Il sait se faire menaçant sans avoir recours à la violence, et investit une part importante de ses bénéfices à soigner son anonymat.

 Un appartement connu de lui seul, de l’argent planqué et des faux papiers pour le cas où, pas d’attache amoureuse, pas d’amis, les rapports humains se résument à ceux de son business. Il fait tout pour être le plus lisse et le plus discret possible. Autant de garde-fous qui le préservent de la chute et rendent sa vie totalement hermétique.

 Jacek est un homme nocturne et transversal, passant des lumières des discothèques et des soirées mondaines, à celles blafardes, des rues malfamées et des squats de toxicos, navigant entre les nantis et les laisser pour contre pour vendre son produit réputé pour sa qualité.

Il est toujours en mouvement à bord de sa Berline, à sillonner les artères de Varsovie. Dans une semaine il va partir pour quelques jours de vacances en Argentine, seul point d’horizon dans sa vie froide et mécanique, et qui vire à l’obsession.

Tout roule pour lui. Mais l’arrivée de Dario, un caïd sorti de prison, va bousculer cette vie impeccablement réglée jusqu’ici.

C’est un incroyable personnage que Jakub Zulczyk fait apparaître sous nos yeux au fil des pages.

Un être froid, cynique, méthodique, indifférent au monde, ne manifestant aucune empathie pour ses semblables. Il n’ a aucun scrupule à vendre de la drogue, et lorsque l’un de ses clients meurt d’une overdose, cela ne l’émeut pas plus que çà.

"Chaque destin se termine par sa propre blague."

Pour Jacek il n’y a pas d’injustice. Victimes et bourreaux sont consentants, ont pleinement choisi leur destin. Dès lors il n’y a aucune raison de s’apitoyer, la vie et le business continuent.

À travers un long monologue ( le roman est écrit à la première personne ) Jacek exprime sa vision du monde, de cette société polonaise qu’il exècre. Pour lui la ville est un être vivant difforme et nauséeux. Rien ne le relie aux habitants.

Tout juste a-t-il une relation particulière avec Pazina, parce qu’elle ne pose pas de question, ne réclame rien, ne juge jamais, et surtout n’attend rien de lui. Et cela lui convient parfaitement.

Jacek s’est efforcé de se tenir au-dessus de cette fange qu’il fréquente, de la violence dans laquelle il n’a jamais versé.

Pourtant, on sent bien que les choses sont en train de se gâter. Son univers s’effrite.

La relation avec Dario a tout de sables mouvants dans lesquels Jacek s’enfonce inexorablement. Le caïd l’aspire, l’aval, pour le recracher dans sa réalité. Comme un effet miroir, il lui renvoie ce qu’il ne veut pas voir. Il peut bien se persuader du contraire, mais il est bien lui aussi un truand, et Dario de le pousser à assumer ce qu’il est, une véritable enflure.

Jacek vit la nuit, mais ne dort pas le jour. De moins en moins en tout cas. Au point que parfois il rêve, à moins que ce ne soit des hallucinations.

Il voit cette ville sombrer sous les flots. Il appelle de ses vœux cette eau noire qui emporterait tout sur son passage. Non comme une rédemption, mais comme une délivrance salvatrice.

 Inconsciemment peut-être, il sent qu’il se dissout peu à peu dans cette cité qui l’étouffe. Ces vacances en Argentine qu’il évoque de plus en plus, comme un mantra lui apparaît comme une lumière au bout du tunnel.

Mais parviendra-t-il à partir ?

Si vous ne connaissez pas la Pologne, ce n’est pas avec ce roman qu’il vous faudra aborder la découverte de ce pays tant celui-ci dresse un portrait particulièrement sombre de la société polonaise.

Jakub ZULCZYK offre un texte éblouissant de noirceur, âpre. Peu de lumière dans ce récit si ce n’est celles, artificielles, des discothèques. Si on a peu d’empathie pour Jacek, ce personnage n’en reste pas moins terriblement fascinant par son appréhension de la vie, de la société et ses fulgurances paranoïaques.

Bienvenu dans un monde où la thune, la came, le sexe et la violence font raison de vivre et où le ciel bleu reste une chimère.

«  Eblouis par la nuit » est un sacré coup de poing dans l’estomac.

INFORMATION: A noter qu’actuellement Jakub ZULCZYK, l’auteur de ce roman, fait l’objet dans son pays de poursuites judiciaires pour avoir insulter le président polonais, fan de Donald Trump, de  » débile » . Les auteurs en Pologne et eu Europe se mobilisent pour le défendre et défendre la liberté d’expression. En France son éditeur est bien sûr solidaire de son auteur et lui apporte tout son soutien.

ACQUISITION: SERVICE PRESSE

2 Commentaires

  1. patrick ASTIER

    bonjour , passion-polar.com pour ce superbe concours et ce livre qui me semble vraiment passionnant , je tente ma chance avec grand plaisir pour tenter de le remporter

    Réponse
    • La petite souris

      merci et bonne chance à vous ! 🙂

      Réponse

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