HOTEL CARTHAGENE

23 mars 2024

Roman de

Simone BUCHHOLZ

Édité chez

L'Atalante

Date de sortie
8 février 2024
Genre
Policier
Pays de l'auteur
Allemagne
Avis

Faller, ex-chef de la police et depuis peu retraité , a décidé d’inviter ses anciens collègues de la brigade criminelle, à une soirée pour fêter son 65e anniversaire.

                  

Loin des bouges enfumés d’ Hambourg qu’ils avaient l’habitude de fréquenter, c’est au bar du dernier étage de l’hôtel River Palace , au milieu des autres clients, qu’ils se retrouvent.

La procureur Chastity Riley est aussi de la fête.

Une fête qui va bien vite prendre une tournure inattendue avec l’irruption d’une douzaine d’hommes armés jusqu’aux dents qui vont les séquestrer.

Dans cette prise d’otages, vient s’insérer l’histoire d’ Henning Carbarek.

Celle d’un jeune paumé , qui dans les années 80, erra longtemps dans la ville à la recherche d’un futur improbable, et qui décida un jour de s’ouvrir un nouvel horizon en s’embarquant à bord d’un cargo, direction  Carthagène en Colombie.

Là-bas, la vie fut belle et facile les premiers temps. Musique, fiestas et jolies filles.

Et puis les cartels, la rencontre avec Esteban, un narcotrafiquant qui va compter sur lui pour lui trouver des intermédiaires en Allemagne afin exporter sa cocaïne en Europe. L’opportunité pour Henning enfin de devenir quelqu’un.

Mais quand les choses tourneront mal, la facture se paiera cash. Henning sera obligé de fuir après l’assassinat de sa femme et de son fils.

Au bar de l’hôtel, la tension est palpable. Personne ne se doute que des flics sont parmi les otages. Chastity redoute que l’un de ses collègues ne tente quelque chose qui pourrait très vite virer au carnage. On se regarde de loin, on s’observe.

Ces hommes en armes ne sont visiblement pas là pour forcer un coffre-fort ou pour réclamer une rançon.

Un otage semble intéresser plus particulièrement le chef du groupe armé. D’ailleurs ce dernier est affable avec le reste des personnes retenues, au point qu’il les laisse se servir au bar.

Alors ça boit, pour passer le temps ,ou pour calmer la peur.

Chistity qui a une belle descente d’ordinaire ne se prive pas, mais va se blesser au doigt avec les feuilles d’ananas de son cocktail. Cette plaie ne cessera de la gêner et d’empirer au fil du temps.

Dehors, Ivo Stepanovic qui n’a pu arriver à temps pour la soirée et qui a été informé des évènements est bien décidé à porter secours à ses collègues et à Chastity qu’il sait très mal.

        @doğan-furkan

C’est à un bien curieux épisode des aventures de la procureure d’Hambourg et de ses amis de la brigade criminelle auquel nous invite Simone Buchholz , très différent des précédents opus publiés jusqu’ici par les éditions de l’Atalante.

Immanquablement cette histoire de prise d’otages par un groupe d’homme armés au sommet d’une tour n’est pas sans rappeler « Piège de cristal » un célèbre film de la fin des années 80, auquel d’ailleurs l’auteure, ne manque pas de faire un clin d’œil.

Mais cette fois-ci, point de Bruce Willis pour sauver le monde de manière spectaculaire.

Simone Buchholz enserre ses personnages dans un huis clos qui va prendre une drôle de tournure, et où la fièvre va monter crescendo à mesure que les chapitres, eux, vont se raccourcir.

Dans «  hôtel Carthagène » , nous sommes bien loin de l’atmosphère glauque du quartier rouge que l’équipe de Chastity Riley a l’habitude de fréquenter pour écluser quelques bouteilles, et que l’auteure savait parfaitement restituer, non sans une certaine charge poétique.

                 @colin-davis

A la place elle nous offre une introspection incroyable de son héroïne.

Blessée à la main et sous l’effet de l’alcool, Chastity, dans un état second , va observer ce monde enfermé qui l’entoure. Et de passer en revue les moments intimes partagés avec certains de ses partenaires présents avec elle dans la pièce, dans une sorte de kaléidoscope de sa vie amoureuse , émiettée en autant d’éclats.

On restera sous le charme de cette écriture incisive, et redoutablement efficace pour brosser le portrait de ces personnages, ainsi que ce sens de la narration  pour rendre cette ambiance si particulière qui imprègne chacun de ses romans.

Et c’est sans aucun doute grâce au travail remarquable de Claudine Layre, la traductrice, que nous pouvons ainsi savourer toute la musique de la plume de Simone Buchholz.

Rythmé, empreint parfois d’humour noir, «  Hôtel Carthagène » , aussi différent soit-il des précédents ouvrages de l’écrivaine, est encore une belle réussite !

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