LA CONFESSION

17 février 2019

Roman de

John Herdman

Édité chez

Quidam

Date de sortie
5 avril 2018
Genre
Policier
Pays de l'auteur
Royaume-Uni
Traduction
Maïca Sanconie

L’année dernière, j’avais eu la chance de découvrir QUIDAM, une jeune maison d’édition, à travers un titre remarquable que je vous recommande par ailleurs, à savoir TAQAWAN d’Eric Plamondon. Un livre qui, par les critiques unanimes et le bouche-à-oreille, a mis en lumière cet éditeur à la ligne éditoriale des plus intéressantes.

Alors aujourd’hui, nouvelle pioche dans son catalogue, et nouvelle bonne surprise avec le roman d’un auteur écossais dont j’attends déjà avec impatience le prochain ouvrage.

D’aucuns diraient de Léonard Balmain, que c’est un écrivain raté.  Bien que sûr de son art, il en est réduit à limiter celui-ci à quelques articles et une chronique tenue dans un journal du coin. Autant dire que notre homme mène une vie sans relief et sans horizon, fauché, mais riche de sa seule liberté, vivant d’expédients en espérant des jours meilleurs.

Or, une petite annonce pourrait changer le cours de son existence. Un certain Torquil Tod cherche à recruter une plume pour rédiger sa biographie. Voilà une opportunité de gagner quelque argent qui pourrait lui permettre de tenir un temps.

Ravalant son orgueil il répond et après quelques échanges avec l’auteur de l’annonce, se fait embaucher pour conduire à bien ce projet.

Entre les deux hommes, va naître alors une relation ambigüe.

Si Léonard Balmain écrit l’histoire personnelle de son commanditaire en fonction des informations que celui-ci veut bien lui livrer, il va rapidement romancer celle-ci, y mêlant progressivement des éléments de fiction pour combler les lacunes des souvenirs de Torquil et donner à la biographie plus de consistance.

Dans un premier temps, sans vraiment s’en rendre compte, celui-ci va s’enfoncer dans une histoire qui peu à peu va se refermer sur lui, à mesure des informations qui lui sont accessibles.

Et subrepticement le malaise s’installe.

Car Torquil Tod a eu une bien curieuse existence, emprunté bien des voies tortueuses et inquiétantes. Les révélations jalonnent un chemin qui mène à une vérité que Léonard Balmain sent qu’elle le mettra en insécurité, au point qu’un sentiment de danger sourdre progressivement en lui , jusqu’à cette révélation ultime particulièrement effroyable.

 Mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Voilà le lecteur embarqué dans une plongée cauchemardesque dans le « moi » profond d’un personnage traversé par des obsessions qui l’ont versé au fil du temps dans des explorations et des errances ésotériques dangereuses.

Sa biographie tient lieu de confession dont Léonard Balmain, captivé et fasciné par cet individu hors norme et sans interdits, est le dépositaire involontaire.

Mais à mesure que le lecteur parcourt les pages,le récit prend une autre tournure. L’histoire de Torquil Tod devient celle de Léonard, la confession devient roman, comme si la fiction pouvait préserver du danger du réel.

L’écriture est entrecoupée d’instants d’échanges et de discussion entre Tod et son rédacteur, en particulier sur la fonction symbolique d’une œuvre littéraire.

Mais à mesure que l’écrivain avance vers la révélation finale, la méfiance s’instaure, jusqu’à la paranoïa. Au point que le lecteur finit par se demander qui de l’un ou de l’autre est le plus perturbé.

A ce récit passionnant, s’ajoute une construction narrative subtile et redoutablement efficace, qui conduit à voir Leonard Balmain se dissoudre dans cette incroyable histoire, passant de scribe à personnage et dont les derniers mots seront ceux d’un tiers qui portera un regard sur son œuvre.

Car du début à la fin, la vérité se fait fuyante. Ce que vous tenez pour vrai ne l’est peut-être pas vraiment, et c’est bien là tout l’attrait de ce roman machiavélique et étrange qui troublera indéniablement son lecteur.

Mélange de cauchemars et d’irrationnel, ce voyage dans la mémoire et dans une Écosse mystique sera à la fois jubilatoire et désarçonnant pour qui voudra bien s’y aventurer !

Du bel ouvrage.

2 Commentaires

  1. Jean dewilde

    Mon mulot,

    Excellente chronique, non seulement excellente mais aussi efficace. j’ai aussitôt mis ce roman dans ma liste sobrement intitulée « Bons tuyaux polars ». Bises.

    Réponse
    • La petite souris

      Merci de ta confiance mon ami ! j’espère qu’il te plaira !!! reviens me dire ce que tu en auras pensé quand tu l’auras lu ! Amitiés 😉

      Réponse

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