LE PRINCE

11 février 2024

Roman de

Magdalena PARYS

Édité chez

Agullo

Date de sortie
21 février 2024
Genre
Policier
Pays de l'auteur
Pologne
Traduction
CAROLINE RASZKA-DEWEZ

Cela fait quelques années maintenant que j’ai fait la connaissance de Magdalena Parys, à l’occasion de la parution de son premier roman publié en France, «  188 mètres sous Berlin », édité chez Agullo.

J’en gardais un excellent souvenir, même si par la suite, faute de temps, j’avais fait l’impasse de son second titre, «  Le magicien » , qui devait lui, recevoir le prix de littérature de l’Union européenne.

C’est donc avec un vrai plaisir que je recroise la route de cette auteure avec «  Le prince », sorti en octobre, toujours aux éditions Agullo.

Cette fois-ci c’est à une plongée dans les méandres des services secrets allemands que nous invite  Magdalena Parys. Et croyez-moi celle-ci va être vertigineuse !

@josh-eckstein

Dans une très grande ville comme Berlin, les actes criminels ne manquent pas. Pourtant ceux commis ces derniers temps interpellent très vite les plus hautes sphères du pays.

Pour la seconde fois en un mois, un prêtre est retrouvé crucifié dans son église. Peu après, c’est un campement d’immigrés qui est incendié. Par ailleurs, un ministre a curieusement été victime d’un accident de la route, quand la femme d’un autre a été enlevée.

Alors qu’il s’apprêtait à prendre sa retraite, le chef de la police berlinoise, Tschapieski, se voit pressé d’enquêter.

Personnage hors-norme, caractérisé par un appétit féroce tant sur le plan sexuel ( c’est souvent dans les bordels qu’on va le chercher quand on a besoin de lui) que sur le plan alimentaire ( ses chemises portent les décorations de ses prouesses gustatives) , l’homme n’en est pas moins un redoutable limier.

@hosch3-media

Mais ce dernier n’a pas les coudées franches et doit rendre compte à  Paul Chagall , dit « Le Blond », à la tête du «  Programme », une officine secrète rattachée à la chancelière allemande.

Dans l’ombre c’est lui qui tire les ficelles, car le sujet est sensible. Son véritable objectif est de traquer , d’identifier et de mettre hors d’état de nuire « Le prince », un fanatique qui rêve de restaurer l’empire germanique .

Pendant ce temps, Dagmara Bosch, journaliste d’investigation  s’intéresse aussi à ces actes criminels, et va se lancer sur la piste d’un groupe se faisant appelé « les rebelles ». En s’associant à Tschapieski elle va lever le voile sur une véritable affaire d’État potentiellement mortelle pour la démocratie du pays.

 Et plus le policier et la journaliste vont progresser dans leur recherche de la vérité, plus les faits vont s’avérer de plus en plus dramatiques, le mal rongeant jusqu’au plus haut sommet de l’État.

Magdalena Parys nous livre un thriller politique en tout point remarquable, qui à mon goût n’a pas eu l’écho qu’il méritait amplement d’avoir !

Mêlant enquête policière, investigation journalistique et intrigue politique, elle démontre à travers son roman combien la démocratie n’est jamais définitivement acquise et qu’elle commande à une vigilance de tous les instants.

@marco-bianchetti

A une époque qui voit monter les nationalismes exacerbés, qui répandent violence et fake en tout genre pour affaiblir les gouvernements en place, «  Le Prince » prend tout son sens.

Se déroulant sur quelques jours seulement, l’auteur va décortiquer minutieusement les rouages d’une mécanique qui dans l’ombre est à l’œuvre, dans un jeu incertain entre ceux qui cherchent à déstabiliser l’ordre établi et ceux qui visent à le maintenir.

 Influence, pression, chantage, manigance, le combat sera farouche. Et dans cette lutte implacable, certains ne manqueront  pas de jouer leur propre partition pour nourrir leur ambition personnelle.

Ce roman est inspiré de faits réels et il a de quoi faire froid dans le dos quand on prend le temps d’y réfléchir, et de mettre celui-ci en perspective avec ce qu’il se passe autour de nous aujourd’hui.

@dominik-sostmann

Au sortir de la guerre, l’Allemagne défaite se retrouve sans armée. Des ex-officiers de la Wehrmacht et d’anciens gradés nazis décidèrent d’en constituer une dans le plus grand secret afin de faire face à une éventuelle attaque des Soviétiques. Révélé en 2014 par un journal d’outre-Rhin, on apprit alors que celle-ci, qui fut dissoute dans les années 50 au moment de la création de la Bundeswehr, avait pu compter près de 40.000 hommes !

Et quand on sait qu’en décembre 2022 près de vingt-cinq membres d’un réseau d’extrême droite ont été arrêtés juste avant qu’ils ne s’attaquent à des institutions du pays, cela donne le tournis et on se dit que la fiction de Magalena Parys n’est pas si éloignée que çà de la réalité.

«  Le prince » est un roman dense et efficace, qui sonne comme une piqure de rappel.

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