Quand il reçoit un coup de téléphone juste après avoir donné un concert, Raphaël Chauvet voit le passé ressurgir avec fracas dans son existence.
Au bout du fil, Nathalie, son ex-femme. Elle lui annonce que Maude leur fille, a disparu.
Partie en vacances aux îles Féroé elle ne donne plus signe de vie et l’enjoint de se rendre sur place pour la retrouver, les services consulaires ne semblant pas trop s’inquiéter de ce silence inexpliqué.
Onze ans. Cela fait onze ans que Raphaël Chauvet n’a pas revu Maude, depuis qu’à l’issue du divorce son ex-femme s’est volatilisée avec leur enfant sans laisser d’adresse. Il ne sait donc rien de la personne qu’elle est devenue.
C’est en allant dans ces îles lointaines qu’il va le découvrir. Car en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le voilà dans un avion, son instrument de musique et quelques vêtements pour seuls bagages.
Sur place, il va très vite se rendre compte de la rudesse de cette terre sauvage balayée par les vents et des gens qui la peuplent, et se confronter à leur hostilité.
Rapidement Raphaël va réaliser que la disparition de Maude n’est pas la priorité des autorités locales, et en particulier de la police.
Celle-ci est même mise en cause dans une affaire violente durant laquelle des militants de l’association Ocean Keper , à laquelle elle semble appartenir, ont tenté d’empêcher le déroulement d’un Grindadrap , chasse traditionnelle où des globicéphales et des dauphins sont rabattus sur la côte avant d’être massacrés à coup de harpon.
Au cours de cette opération, un pêcheur aurait été grièvement blessé par ces jeunes venus de l’étranger pour s’opposer à cette pratique barbare. Se cacherait-elle alors pour échapper à la justice qui s’apprête à juger ces activistes ?
Si Raphaël découvre l’engagement de sa fille, il n’en reste pas moins convaincu qu’elle est innocente et qui lui est arrivé quelque chose.
Alors il va retourner ciel et terre pour la retrouver et connaître la vérité.
Patrice Gain est assurément un auteur écologiste. Comme dans son précédent ouvrage, le dérèglement climatique, la protection de l’environnement sont particulièrement prégnants dans son livre.
Une nouvelle fois, il enserre ses personnages dans un décor sauvage qui malmène souvent les hommes.
Mais il ne suffit pas de donner à un roman un écrin aussi majestueux que les paysages grandioses que peut offrir le monde à nos regards pour que cela en fasse une réussite.
Pour tout dire, « les brouillards noirs » m’auront laissé complètement indifférent.
La mécanique d’abord, qui ressemble beaucoup à celle « De silence et de loup ». Un personnage qui se retrouve isolé à l’autre bout du monde, dans une nature inhospitalière, et qui fait face à la violence des hommes tout en étant le témoin du dérèglement climatique. Sensation de déjà lu donc.
J’ai d’ailleurs l’impression que l’histoire sert de prétexte, qu’elle est construite autour de cette volonté, certes louable, de pointer et critiquer les abus de l’être humain sur son environnement.
Tout y passe, de la dénonciation de cette pratique ancestrale du Grindadrap à l’élevage intensif.
Les personnages ensuite, en particulier celui de Raphaël ; à aucun moment je n’ai éprouvé de l’empathie pour lui, sans doute parce je trouve qu’il n’a pas une bien grande épaisseur psychologique à mon goût.
Le parcours de cet homme pour retrouver sa fille, qui la découvre à partir des bribes d’informations qu’il peut glaner dans sa quête, cette douleur qu’a engendrée cette absence durant tant d’années, cette envie de combler ce vide et rattraper ce temps perdu, tout ça n’aura pas suscité chez moi une émotion de compassion à son égard.
Enfin, l’impression générale qui se dégage de la population de ces îles lointaines est très caricaturale à mon sens, sans nuance. Entre des flics incompétents et des habitants assoiffée de sang, l’image n’est pas très flatteuse.
Restent des moments intéressants, comme la scène du Grindadrap d’une violence inouïe et admirablement bien décrite.
Une pratique ancestrale sans doute nécessaire des siècles en arrière pour nourrir les hommes, mais qui a perdu sa raison d’être aujourd’hui, d’autant que la chair de ces animaux massacrés est imbibée de mercure, et qui est devenue davantage un rituel de passage, ou une affirmation au monde de l’identité culturelle et insulaire pour une partie de ces habitants.
C’est donc la déception qui prévaut à la lecture de ce roman. Et c’est d’autant plus navrant pour moi que j’ai aimé « le sourire du scorpion », et adoré « De silence et de loup » (je n’ai pas encore lu ses autres ouvrages).
Mais cette fois-ci la magie n’a pas opéré, Patrice Gain n’est pas parvenu à m’emmener avec lui. Espérons qu’il arrive à reconquérir mon intérêt avec son prochain livre !
ACQUISITION : LIBRAIRIE
Bonjour,
Très beau papier mais je pense, que c’est parce qu’on s’attend à une enquête et qu’elle n’existe pas et que le personnage est introverti d’où la difficulté de développer de l’empathie, que l’on peut être déçu par ce roman. Si on le voit comme un roman noir entre l’impossible rencontre entre une fille et un père, entre une profession chronophage et une passion dévorante, le sens que chacun chacune donne à la vie est de la même intensité et ils ne peuvent pas « communiquer ». C’est ainsi que je l’ai pris après avoir été dérouté par certains faits (la découverte de la CNI de sa fille sur la plage par exemple, la relation toxique et factice à la fois entre le père et la mère et son départ soudain et étonnant au bout du moinde), je suis bien rentré dedans, comme je l’explqiue dans mon papier : https://broblogblack.wordpress.com/2023/03/24/le-constat-amer-dun-pere/
Merci pour vos conseils que je lis toujorus avec attention.
Fraçois Braud
Bonsoir François !
Bon tout d’abord, si tu le veux bien, on va se tutoyer. Les copains de l’association 813 c’est automatique pour moi ! 🙂 Je comprends et respecte ton propos, j’y ai cogité d’ailleurs un petit moment avant de te répondre car tu m’as donné à réfléchir ( j’avoue que c’est que j’aimerai voir plus souvent dans les commentaires, échanger des points de vue parfois différents et faire mouliner les méninges:) ) . Honnêtement Je ne pense pas que je m’attendais à une enquête, pour avoir lu quelques livres de Patrice Gain , notamment « le sourire du scorpion » je sais que ce n’est pas toujours le cas dans ses bouquins, et comme je suis plutôt roman noir, je pencherai plus facilement de ce côté là. ce que tu décris d’ailleurs dans ton commentaire je l’ai perçu mais je n’y ai tout simplement pas adhéré, ca ne m’a pas touché.Tu évoques le comportement du père. effectivement son attitude m’a parfois dérouté, surpris et je pense que cela a contribué à cette absence d’empathie que j’évoquais. Et puis il y a le reste que j’ai pointé dans la chronique. c’est un rendez vous manqué, c’est frustrant pour moi s’agissant d’un auteur que j’aime beaucoup par ailleurs ( tu n’as qu’à lire la chronique que j’avais faite de son précédent » de silence et de loup ».) mis il y en aura d’autres car je n’ai pas l’intention de lui tourner le dos ! en tout cas François merci d’avoir pris le temps d’exposer ton point de vue ! j’espère que nous aurons l’occasion d’échanger à nouveau ! ps : j’avais lu ta chronique lors de sa parution ! 🙂 A très vite ! amitiés