UTOPIA

08 septembre 2013

Roman de

Ahmed Khaled Tawfik

Édité chez

Ombres noires

Date de sortie
12 avril 2013
Genre
Policier
Pays de l'auteur
Egypte

Difficile d’imaginer quelle Égypte se dessinera au sortir de cette période particulièrement trouble et violente qui déchire actuellement ce pays . Ahmed Khaled TOWFIK , enfant du pays , a déjà lui dépassé ce stade  pour imaginer le quotidien de cette nation dans les années 2020.

Malheureusement pour les égyptiens, que ce soit pris dans les soubresauts du tumulte actuel ou dans les plis d’ une organisation sociétale qu’esquisse à grands traits l’auteur dans son roman, l’avenir reste sombre et tari en promesse d’espérance pour les fils du Nil.

En 2023 Le Caire s’est barricadé derrière des murs et des barbelés. Du moins, la frange la plus aisée de sa population. Une société coupée en deux , où une partie sa vautre dans le luxe et l’opulence, et possède tout, jusqu’à l’ennui, et l’autre qui se meurt dans la misère et qui a tout perdu, jusqu’à son appellation d’être humain.

Dans ce monde bipolaire, les classes moyennes ont disparu, projetées par la crise dans la fange boueuse de la pauvreté, à moins que quelques uns de ses représentants ne soient parvenus  in extremis à monter sur les chevaux  tempétueux de la richesse insolente.egypt

Retranchées  dans ces colonies forteresses, la jeunesse dorée et oisive, gavée de sexe et de drogue, s’ennuie. La possession de tout ampute l’excitation, la maîtrise parfaite de l’existence anesthésie l’envie d’ être.

Pour tuer cet ennui , pour sortir de leur torpeur de vivants fantomatiques certains jeunes s’adonnent à la « chasse », activité qui vaut rituel initiatique et qui consiste à quitter la colonie pour s’introduire dans les bidonvilles où s’entassent et survivent les Autres.

 Là, le but est d’en capturer un  pour le ramener à la colonie où un sort funeste lui sera réservé. Et si cela n’est pas possible,  ramener en guise de trophée  au moins une main, un bras ,un membre de la malheureuse victime qui attestera de la réussite de l’entreprise.

agyC’est ce projet qu’un jeune de 16 ans, fils d’un riche industriel va proposer d’accomplir à sa petite amie Germinale.

Mais un petit grain de sable va contrarier le scénario, et rien, ni les hélicoptères, ni les hommes en armes qu’ils transportent pour exfiltrer dans un habituel bain de sang les intrépides jeunes gens de bonne famille  égarés ne pourront cette fois ci  rien y faire.

Leur présence dans les bas fonds apocalyptiques de cette société en déliquescence ne passe pas inaperçue. Flairés, débusqués, traqués par une populacecaire-pres-diaporama déchainée, les voilà devenus un gibier de premier choix pour une humanité retournée contre elle même.

Ils ne devront leur salut qu’à l’intervention de Gaber un adolescent comme eux, qui vit avec sa sœur, et qui va un temps les recueillir.

Le jeune se montre érudit et se refuse à accepter cette fatalité qui barre sa ligne d’horizon. Il caresse encore l’idée une revanche salutaire, d’un renversement de table qui redistribuerait les cartes, sans pour autant vouloir perdre son humanité en s’abandonnant comme les autres à la violence.

Mais entre ces deux mondes symbolisés par ces deux jeunes en face à face, l’océan d’incompréhension reprendra progressivement ses droits.

 Le roman d’ Ahmed Khaled TOWFIK est un conte cruel, d’une noirceur absolue et d’un pessimisme sans fond. Si celui ci n’est en rien inspiré par les évènements en cours en Égypte, il dénonce malgré tout de sa plume acide la désagrégation de nos sociétés modernes.

ahmed khaled towfik A commencer par la disparition de ces classes moyennes qui font le lien entre les couches les plus pauvres et les plus riches, ciment indispensable à cette idée d’appartenance à un même corps.

Si Ahmed Khaled TOWFIK ne tombe jamais dans la violence gratuite, il nous offre une fin épouvantable qui interpelle le lecteur, le pousse à la réflexion  comme le fera toute l’histoire au fil des pages.

Un roman d’anticipation dérangeant qui nous renvoie et nous confronte à cette bestialité que nous portons toujours en nous et qui se réveille dans les moments les plus délicats de nos existences.

Dans ce livre remarquable d’à peine deux cent pages, l’ espoir n’est jamais une option et pour un peu la vie en deviendrait presque qu’une utopie.

A lire. Absolument.

Retrouver une interview de l’auteur chez « La vie en noir »

08

 ©hippo          

12 Commentaires

  1. Pierre FAVEROLLE

    Salut Petite Souris, quand ça secoue c’est bon, et là, c’est trop bon ! Et puis tes petites souris sont à craquer ! Un roman noir, cruel sur un sujet qui semble à la mode. Amitiés

    Réponse
    • La petite souris

      salut Pierre ! tu m’avais effectivement prévenu , c’est un bon bouquin ! J’aime quand c’est noir comme ca , mais là on est servi ! AMitiés

      Réponse
  2. gruz

    Avant ta chronique je me disais : il me faut ce livre.
    Maintenant je me dis : il me faut ce livre il me faut ce livre il me faut ce livre il me faut ce livre
    C’est malin ! 😉

    Réponse
    • La petite souris

      C’est un bouquin qui va forcément te plaire Yvan, j’en suis sûr ! c’est un livre de 200 pages donc ca se lit très vite, mais le plaisir du lecteur n’en sera pas moins grand ! crois moi ! ta du bol demain c’est lundi ton libraire est ouvert ^^

      Réponse
  3. Nath

    Wow, tu m’as convaincue P’tit mulot.Superbe chronique! Dans ma Pal !

    Réponse
    • La petite souris

      chouette ! je suis content alors ! mais attention, comme dirait notre Johnny national  » Noir c’est noir ! » bisou 😉

      Réponse
  4. Foumette

    J’ai plus de sous!!!!! Bon…je note donc pour novembre après la sortie des 10 livres que j’ai en vue!!! Je rigole…je note tout court non mais!!!!!

    Réponse
    • La petite souris

      deux solutions ! tu braques un jeune en sortie de discothèque, ou tu fais un french cancan dans la rue en demandant une tite pièce aux passants 😉 Mais le livre vaut cet investissement de soi ! 🙂

      Réponse
  5. Marie-Claire Petit

    Coucou Petite Souris
    Encore un livre qui me tente beaucoup
    Je ne suis pas encore entrée dans ce genre  » le roman noir » mais ta chronique me pousse à le faire.
    Et puis, c’est comme pour la musique, tu as toujours l’art de nous dénicher des petites perles.
    Je note sur ma longue liste et bravo toi 🙂

    Réponse
    • La petite souris

      merci Marie, content de te donner l’envie de lire ce roman dont on aura alors l’occasion de reparler ensemble 😉

      Réponse
  6. belette2911

    Voilà, on va avoir l’air malin, tous, à braquer des p’tits djeunes à la sortie des discothèques afin de se payer tous les livres que tu nous recommandes plus que chaudement.

    J’avais vu ta chronique sur Fesse Bouc mais j’avais pas le temps de la lire et de commenter, voilà mes torts réparés… pour mon malheur puisqu’une fois de plus, j’aimerais bien ajouter ce livre sur ma wish-list. Ce qui est tout sauf raisonnable !

    Réponse
    • La petite souris

      héhé ne soit pas raisonnable ! On le sera quand on sera mort ! 🙂 Bonne lecture car la pomme tu croqueras ! 🙂

      Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.